logo protecUne lettre ouverte du collectif Protec (Protégeons les Enfants des Corridas), rendue publique le 22 mars 2016.

Le Comité des Droits de l’Enfant de l’ONU, au terme de sa session de janvier 2016, a invité la France à protéger les mineurs de la violence des corridas. A cette occasion, plusieurs universitaires renommés de la psychologie et du droit s’associent de nouveau au PROTEC pour rappeler son courrier d’août 2014 au gouvernement français.

Le 11 mars 2016

Monsieur le Président, Monsieur le Premier ministre, Monsieur le ministre, Monsieur le Garde des Sceaux

En février 2014, le Comité des Droits de l’Enfant, organe des Nations Unies composé de 18 experts indépendants, chargé de faire respecter la Convention relative aux droits de l’enfant, ratifiée par la France en 1990, avait rendu son rapport sur le Portugal. Dans ce cadre, il avait fait part de ses préoccupations quant à l’impact des corridas sur les enfants (c’est-à-dire les mineurs), et émis des recommandations demandant à l’État portugais de protéger les enfants de la participation et de l’exposition aux corridas.

A la suite de ces conclusions, nous avions adressé le 11 août 2014 un courrier à Monsieur le président François Hollande pour demander les mesures que le gouvernement comptait prendre pour protéger les mineurs des corridas. Nous rappelions que le Comité des Droits de l’Enfant allait rendre son rapport sur la France début 2016.

Madame la chef de cabinet nous avait répondu le 8 septembre 2014 qu’elle avait transmis notre courrier à Monsieur le ministre de l’Intérieur, afin qu’il examine les points soulevés et nous tienne directement informés de la suite pouvant être réservée à notre démarche.

Le Comité des Droits de l’Enfant a renouvelé ses préoccupations et ses recommandations concernant la corrida pour la Colombie en février 2015 puis pour le Mexique en juin 2015. Et fin janvier 2016, au terme de sa 71ème session, il les a renouvelées  pour le Pérou et pour la France.

Ainsi, il recommande à la France « d’accroître les efforts pour changer les traditions et les pratiques violentes qui vont à l’encontre du bien-être des enfants, ceci incluant l’interdiction de l’accès des enfants aux corridas et aux manifestations associées. »

C’est pourquoi, connaissant l’attachement historique, culturel et éthique de la France aux Droits de l’Homme, et ne doutant pas que depuis un an et demi les conseillers de Monsieur le ministre Cazeneuve se sont penchés sur nos préoccupations, nous vous demandons de nous communiquer les réponses du ministère de l’Intérieur. Notre démarche est en effet soutenue par de nombreux citoyens et associations demandant l’interdiction des spectacles sanglants de la corrida aux enfants et aux adolescents. Il est de notre responsabilité de protéger nos jeunes contre toutes les formes de violence.

A côté des mesures réglementaires, nous souhaitons savoir si le gouvernement compte soumettre certaines mesures au Parlement, dans le même esprit que l’initiative législative soutenue par la majorité du groupe écologiste de l’Assemblée nationale en avril 2015.

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président,  Monsieur le Premier ministre, Monsieur le ministre, Monsieur le Garde des Sceaux, l’expression de notre considération respectueuse.

Dr Jean-Paul RICHIER, psychiatre, praticien hospitalier, coordinateur du collectif PROTEC.

Pr Laurent BÈGUE, Professeur de Psychologie sociale à l’Université de Grenoble, directeur de la MSH-Alpes, membre honoraire de l’IUF.

Pr Jacques LEROY, Professeur de Droit à l’Université d’Orléans, Doyen honoraire.

Pr Jean-Pierre MARGUÉNAUD, Professeur de Droit à la Faculté de Droit et des Sciences Économiques de Limoges, Chercheur à l’Institut de Droit Européen des droits de l’Homme de l’Université de Montpellier I.

Pr Hubert MONTAGNER, Docteur ès Sciences, Professeur des Universités en retraite, ancien Directeur de recherche à l’INSERM, ancien Directeur de l’Unité « Enfance inadaptée » à l’INSERM.

Partage

Shares