Été 2006. Une publicité pour le gazpacho, célèbre soupe froide espagnole, s’étale sur tous les panneaux d’affichage de France. Une banderille rouge sur un taureau noir, vu de loin, dans un flou qui se veut « artistique ». C’est un taureau propre qui fait face au torero : il ne saigne pas. Nous nous insurgeons contre le fait que l’Espagne, pays magnifique, riche en architecture, au peuple merveilleux, continue à être réduite à un symbole qui fait appel à la plus barbare de ses traditions pour vanter une simple soupe. Nous ne sommes pas les seuls à protester, Alvalle Tropicana reçoit énormément de messages.

Le service consommateurs d’Alvalle se dit désolé que ce visuel ait ainsi choqué — « En associant notre produit à cette représentation, nous espérions faire comprendre qu’Alvalle est une marque traditionnelle, issue du patrimoine culinaire ibérique. En aucun cas notre intention n’a été de faire l’apologie ou d’inciter à la tauromachie » — et s’engage à ne pas reconduire cette campagne. Alvalle tient parole.

Entre autres visuels, il présente dans ses campagnes suivantes une danseuse, volontairement floue (ah, ils ont gardé l’« artistique » !), que l’on devine de flamenco, vêtue d’une robe dont les plis, de couleur verte, font penser à des feuilles de salade, alors que sur une autre affiche la robe évoque des rondelles de tomate Cette année, un « beau brun ténébreux » coupe violemment en deux un monticule de légumes, mais c’est pour la bonne cause, celle de la soupe froide. Comme quoi cela vaut le coup de ne pas accepter bêtement les produits que tentent de nous imposer les publicitaires. Et, en plus, « la soupe froide qui vient d’un pays chaud » est délicieuse ! Pour une fois, le CRAC Europe fait de la pub à la pub… quand c’est de la pub sans torture. Un grand bravo à Alvalle pour son sens de l’éthique, et bon gazpacho à tous !

Luce Lapin
Porte-parole nationale CRAC Europe pour la protection de l’enfance

Été 2012

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