Asso CHEVAL et maire procorrida, une relation contre-nature
Le Midi Libre nous a appris hier que Paula Loïs, présidente de C.H.E.V.A.L., une association de protection animale, a annoncé officiellement qu’elle ne participera pas aux manifestations contre les corridas à Alès les 11 et 12 mai prochains.
Elle s’estime en effet satisfaite d’avoir eu des « avancées » de la part de Max Roustan, maire d’Alès, sur deux points : arrêt des subventions municipales pour les corridas et fin de la gratuité pour les enfants. Il semble qu’à ses yeux, cela vaille bien qu’on continue de supplicier des taureaux.
Paula Loïs avait protesté à juste titre, en mai 2012, contre la venue à Alès de Rui Fernandez, un rejoneador (torero à cheval) qui s’était marré lorsque son cheval avait été éventré par un taureau à Séville. Elle avait rencontré le maire en compagnie de la présidente d’une autre association dont le nom m’échappe.
Roustan leur avait répondu qu’il comprenait leur émotion mais qu’il ne pouvait rien y faire, le pauvre. Il n’allait quand même pas désavouer ce qu’il avait favorisé. Les deux présidentes avaient déjà dû trouver à l’époque que sa déclaration d’inaction était une belle « avancée » puisque l’une d’entre elles en avait fièrement fait état sur son site officiel, sympathique photo de famille avec le maire à l’appui.
De là à penser que l’une refuserait de soutenir les manifs anticorrida de mai sous l’influence de l’autre qui, elle-même, semblerait vouloir dissuader ses troupes d’y participer bien qu’étant anticorrida, il n’y aurait qu’un pas que je vous conseille de ne pas franchir publiquement si vous n’avez pas un bon avocat ou une maîtrise parfaite de l’usage du conditionnel et des mots évasifs (je suis dans ce dernier cas, c’est moins cher).
Il y a donc forcément une autre raison. J’avoue ignorer ce qu’elle peut bien être, pour justifier ce que certains (évasif) pourraient (conditionnel) qualifier de sabotage, de coup bas, voire de traitrise. Car, en effet, les motifs avancés pour ne pas manifester ne tiennent simplement pas debout.
Si le maire a supprimé les subventions municipales aux corridas, c’est avant tout parce que son budget a été réduit pour cause de crise et qu’il a dû faire des coupes un peu partout – c’est ce qu’il a déclaré lors d’une séance du conseil municipal où nous nous trouvions. Nous nous en réjouissons mais nous n’oublions pas, nous, qu’il a cependant renouvelé la délégation permettant d’organiser des corridas pendant les trois prochaines années. Sauf erreur de ma part, nous ne sommes pas membres du Comité Radicalement Anti Subvention mais du Comité Radicalement Anti Corrida. Notre but, dans cette lutte, n’est pas la disparition des subventions mais la disparition des corridas. Les taureaux qui vont être torturés à mort en mai prochain se foutent bien de savoir que le spectacle de leur supplice ne sera pas subventionné. Ce qu’ils voudraient, c’est ne plus être suppliciés du tout.
Quant à l’annonce de la fin de la gratuité des corridas pour les enfants, c’est une excellente nouvelle, en effet. Tellement excellente que cela fait déjà trois fois que Roustan l’annonce comme étant une nouvelle : en 2009, en 2011 et donc, en 2013. Remarquez, il fait bien de le redire tous les deux ans puisque les deux fois précédentes, cela avait échappé à certaines personnes à qui il en a fallu trois pour réaliser enfin qu’il s’agissait d’une avancée.
Toujours est-il que certaines associations qui se réclament de la protection animale semblent trouver plus convenable de se mettre du côté du maintien de la torture des taureaux que de rejoindre les 201 autres associations de protection animale qui participeront à la manifestation, dont Animaux en Péril, la Fondation Bardot, la Fondation 30 millions d’amis, la SPA, One Voice, la SNDA, la FLAC, CAS international… et, oups, j’allais oublier, le CRAC Europe.
Au fait, ce ne serait pas ça la vraie raison de ne pas venir manifester ? Je n’ose l’imaginer. Ce serait tellement honteux, tellement minable…