Lire l’extrait de la Note de synthèse du Conseil municipal du jeudi 15 décembre 2011 :



Lire l’intervention de Eliane Pibouleau – Blain

Source : Radio Télévision Basque Espagnole

Corridas et comptes publics : Bayonne dans le rouge

14/12/2011


La temporada 2011 à Bayonne établira un nouveau record de déficit proche de 400.000 euros, portant à près d’un million d’euros sur 5 ans son coût public. Dossier brûlant demain en conseil municipal.

Ce jeudi soir à Bayonne aura lieu un Conseil Municipal qui ne pourra pas faire l’impasse sur les comptes attendus de la saison de corridas 2011, déjà annoncés comme très déficitaires, que son député Maire avait estimé “aux alentours de 200.000 euros” le 24 octobre dernier, mais qui devraient être bien plus importants, un chiffre de l’ordre de 400.000 euros étant même prévisible.

Ce sujet est éminemment politique à Bayonne, dans ce qu’il concentre de passions et de rejets, de traditions historiques et de débats sur la violence faite aux taureaux, mais il n’est plus guère possible d’échapper à la réalité d’une inadéquation entre l’intervention financière publique et les 55.000 spectateurs payants venus sur les 13 dates de l’année.

Par comparaison, les 500.000 euros versés par la Ville au club de rugby de l’Aviron Bayonnais attirent 175.000 spectateurs, remplissant à chaque match tout ce que Bayonne compte de bars et de restaurants, pour un impact économique global sur la commune de 23 millions d’euros par saison (comme le démontrait une étude socio-économique d’octobre 2010).

Fin 2009, la solution d’un intermédiaire direct (et bayonnais) pour la négociation technique et juridique en la personne d’Alain Lartigue, responsable de la programmation des corridas à Bayonne, prenait le pari de mettre fin à des propositions par trop opaques (et tout aussi déficitaires) de l’entreprise madrilène Chopera.

A la fin de la saison 2010, un déficit de 91.000 euros sanctionnait tout de même ce repositionnement, quand l’année 2011, avec ses 400.00 euros en débit, devrait être l’année noire des comptes taurins de Bayonne.

Dépassant le dialogue de sourds entre aficionados et anti-taurins, des mesures financières d’urgence sont donc d’actualité, comme l’a entrepris en octobre dernier le député-Maire Jean Grenet, parti à Madrid avec 6 autres représentants de places taurines françaises pour renégocier à la source les frais de contrats des hommes et des bêtes.

Relativement commentée de ce côté-ci des Pyrénées, la demande d’une baisse de 20% des engagements correspond assez logiquement au déficit de cette année 2011, quand cette seule dépense représente plus de 2 millions d’euros pour les comptes de la Ville.

La réponse polie des empresas espagnoles, validant la demande mais exigeant le respect de “négociations individuelles”, n’est sans doute pas la bonne nouvelle qu’attendait Jean Grenet.

Avec une désaffection réelle des arènes lors des grands rendez-vous de la temporada, Bayonne se retrouve en réalité devant l’angoisse d’un Etat confronté à la perte de son triple A.

Réduire le nombre de corridas ou prendre le risque de devoir renoncer aux grands noms de la corrida lui ferait perdre sa position dominante dans le paysage des rendez-vous préférés des aficionados.

Et continuer ainsi sans obtenir une réduction drastique des demandes des stars de la muleta la condamnerait à creuser encore un déficit, qui flirte dangereusement avec le million d’euros sur les 5 dernières années.

A Mont-de Marsan, qui n’a ni l’envergure ni la renommée de la place de Bayonne, le constat était similaire, avec “des arènes qui se vident et un public qui se renouvelle peu”, comme le déclarait en octobre dernier la Maire Geneviève Darrieussecq.

A une différence près, et de taille : la saison 2011 s’est terminée par un bénéfice de 95.000 euros.

http://www.eitb.com/fr/infos/societe/detail/794844/corridas-comptes-publics—bayonne-rouge/

Le Journal du Pays Basque 17/12/2011

Un conseil municipal très politique
Pierre MAILHARIN

Jean Grenet se savait attendu par son opposition, jeudi soir, lors du conseil municipal. Sur au moins deux dossiers : la cantine scolaire et les corridas. Le maire de Bayonne a donc fait en sorte de lui “couper l’herbe sous le pied”. Par deux fois, contrairement à l’usage, il a pris la parole avant elle. Pour mieux déminer son argumentaire. Une tactique qui ne l’a pas empêché de recevoir quelques coups de bâtons en retour. Extraits d’une séance très politique.

Délibération 13. Marie-Christine Dumas, adjointe à l’Education, égrène les améliorations apportées au système de réservation des tickets pour la cantine, à la suite de la grogne des parents d’élèves (voir nos précédentes éditions). Jean Grenet allume alors son micro : “J’avais demandé que l’on travaille sur des assouplissements, c’est ce qui a été fait, en concertation avec les élus et les parents”.

“On va travailler sur les barèmes”

Anticipant une critique sur les prix, le premier édile poursuit : “Nous avons cinq tarifs différents. Je pense qu’il y a mieux à faire, notamment pour les classes moyennes. On va travailler à un barème qui soit plus clair, si possible pour la rentrée prochaine”.

“Je me préparais à une intervention piquante, mais vous nous donnez raison sur tout”, constate Caroline Thicoipe (Bayonne ensemble), qui tacle néanmoins : “Vous parlez de concertation, mais il a quand même fallu que les parents vous interpellent et s’érigent en collectif pour que vous réagissiez”.

Eliane Pibouleau-Blain (gau-che indépendante) se saisit de la perche. Elle signale qu’elle a été la seule, au mois de mai, à ne pas voter le système de réservation, en raison de son caractère “techniciste” et de son “manque de souplesse”. Colère de Jean Grenet : “Madame, vous êtes sur la chaise du juge arbitre au tennis. Nous, nous gérons une ville, c’est extrêmement complexe. On peut se tromper. Il n’y a que ceux qui ne font rien qui ne se trompent pas. Je constate quand même que ça ne nous réussit pas trop mal puisqu’on est aux responsabilités depuis 55 ans”.

“Mea culpa” de Bayonne ensemble

Henri Etcheto fait un mea culpa plus calme au nom de Bayonne ensemble : “Nous n’avons pas saisi le manque de souplesse du dispositif à l’époque”. Puis il embraye sur les tarifs, trop élevés à son goût. En tant que conseiller général, il pointe : “Dans le département, le tarif moyen est autour de 2,65 euros”. “Le prix moyen est de 2,72 euros pour les lycées”, renchérit Mathieu Bergé. A Bayonne, il s’échelonne de 0,39 à 4,76 euros, pour un prix du revient du repas de 3,50 euros.

L’assemblée s’accorde pour travailler à une meilleure définition des tarifs. Grenet précise toutefois : “La cantine coûte aujourd’hui 1,6 million à la collectivité. Il n’est pas envisageable qu’elle coûte 3 millions”. Le texte de modification du système de réservation est adopté à l’unanimité.

La DSP taurine dans deux ans ?

Délibération 33. Michel Soroste, adjoint aux Finances, dresse un rapide bilan de la temporada 2011, marquée par un déficit de 415 000 euros. Grenet ne laisse personne enchaîner. Il affirme : “Si on veut continuer les corridas à Bayonne, ce ne sera certainement pas le contribuable qui paiera”, puis détaille aux élus son action avec les autres villes taurines visant à baisser les cachets des toreros les mieux payés. “Si on n’arrive pas à équilibrer les comptes d’ici deux ans, il faudra faire une délégation de service public [DSP]”. Actuellement, le fonctionnement est plus ou moins celui d’une régie municipale.

Passer en DSP – c’est-à-dire confier la gestion à un privé -, c’est justement ce que l’opposition (Bayonne ensemble, Bayonne par cœur, Eliane Pibouleau-Blain, Jérôme Aguerre) allait réclamer. Chacun lit tout de même son texte. Et se retranche derrière la demande d’une DSP dès 2012. “Chiche, Monsieur le maire : réfléchissons ensemble à une DSP”, le défie Mme Pibouleau-Blain. Jean-Claude Soudre (Bayonne ensemble), qui a calculé que le déficit cumulé des arènes est de 1,1 million depuis 2007, partage la requête.

“Une réaction d’oligarque”

“Vous proposez de sortir le joker, maintenant, moi, je vous dis qu’on le fera si on n’y arrive pas dans les deux ans”, leur rétorque Grenet, qui met en garde : “Si on passe en DSP, on va faire beaucoup de malheureux dans les clubs taurins”.

“Quand je vous dis que la plus grosse peña bayonnaise est celle des contribuables, qui paient le déficit de la corrida, vous ne réagissez pas en démocrate et en républicain, mais en oligarque”, s’emporte Soudre. “Votre seul souci est de rendre compte à un cercle très restreint”. Grenet, furieux : “Je n’ai pas de leçon à recevoir de démocratie et de républicanisme. Vous croyez vraiment que je suis un facho ? !”.

Georges Barrere (Bayonne par cœur) se pose en médiateur : “On pourrait mettre dans le cahier des charges de la DSP la consultation des clubs taurins”. Le maire clôt la discussion : “Si vous mettez des clauses de cette nature, ça m’étonnerait que vous ayez beaucoup d’entreprises candidates”. La DSP taurine n’est pas pour tout de suite.

http://www.lejpb.com/paperezkoa/20111217/310192/fr/Un-conseil-municipal-tres-politique

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