La corrida espagnole ne perdure que grâce aux touristes, français ou étrangers, qui s’y rendent « pour voir ». Nombreux sont ceux qui, écœurés par ce spectacle d’un autre âge, n’y retourneront jamais. Malheureusement, cette unique fois contribue à alimenter la manne financière des organisateurs. Vous, adhérents ou sympathisants du CRAC Europe pour la protection de l’enfance, n’êtes pas dupes, mais peut-être vous laisserez-vous convaincre d’assister à une corrida portugaise, puisque, vous assurera-t-on, la tourada se déroule sans mise à mort… dans l’arène. Une belle façon, détournée et malhonnête, de déformer la réalité. La portugaise, c’est la corrida version light — c’est du moins ce que l’on voudrait nous faire accroire. Le public y est supposé encore plus « familial »…

Ce que voient les enfants : un cavalier (dont le cheval n’est pas protégé par le caparaçon) plante des farpas (banderilles à double harpon) sur le dos du taureau. Quand l’animal, profondément blessé, est épuisé par le sang perdu, huit hommes, les forcados, entrent en piste et l’immobilisent. Ça, oui, le taureau sort vivant de l’arène… mais dans quel état ! Ce qu’ils ne voient pas : le bovin est ensuite amené dans les coulisses, où, dans le meilleur des cas, si je puis dire, il est achevé à coups de poignard. Le plus souvent, il agonise jusqu’au lendemain en attendant l’ouverture de l’abattoir. C’est beau, le « sens de la famille », qui consiste à emmener ses enfants assister à la mise en scène codifiée de la torture d’un herbivore magnifique torturé par des brutes machistes vêtues du ridicule habit de lumière et que ses tortionnaires prétendent aimer, au nom d’une tradition et sous un pseudo-alibi culturel. La culture, ce n’est pas cela. ¡La tortura no es cultura !

La corrida ? Ni espagnole, ni portugaise. Abolie !

Luce Lapin

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