Le 8 octobre 2011 au milieu d’une après-midi bercée par un soleil d’automne, j’étais assis sur des gradins. Ma mission était de saisir des instantanés d’images de ce qui allait être l’action anti-corrida la plus percutante de tous les temps.

J’étais évidemment à Rodilhan.

J’étais convaincu que mon rôle était confortable et je me sentais à ce point privilégié que j’en étais un peu gêné.

Et pourtant, ce que j’allais immortaliser derrière mon objectif allait définitivement changer mon regard sur le monde de la protection animale.

Ce jour-là, alors que devant moi, en gros plan, ma compagne, mes frères et mes amis les plus chers se faisaient massacrer, j’ai compris la différence qu’il y avait entre la contestation et la révolution.

Ce jour-là, les 90 activistes présents, possédaient la plus puissante des armes : ils étaient prêts à souffrir, pour ne pas dire mourir pour ceux qu’ils étaient venus protéger.

Ce jour-là, 90 hommes et femmes, de tous âges et de tous milieux ont accepté de se mettre en danger pour défendre des intérêts qui n’étaient pas les leurs, et c’est en cela que leur action est héroïque.

Aucun d’entre-eux n’avait quelque chose à y gagner.

Prendre les coups à la place des taureaux, voilà ce qu’ils étaient venus faire.

Ce jour-là, le stade de la protestation a été dépassé.

Ce jour-là, c’est la révolution qui a commencé.

Par leur martyre, ces héros de la cause animale ont révélé à la face du monde, que lorsqu’on vient à la corrida, c’est bien la barbarie, la cruauté, la souffrance et le sang qu’on vient chercher.

Le 8 octobre à Rodilhan, les activistes dans l’arène n’étaient que des victimes supplémentaires. De la chair à tabasser offerte en guise d’amuse-gueule avant la mise à mort des 6 jeunes taureaux du jour.

Mais cette opportunité n’a pas seulement été saisie par les matadors en herbe. Pour cet avant-goût, les proies étaient faciles : des femmes, à genoux et enchaînées.

Alors, même les plus lâches s’en sont donnés à coeur-joie, pendant que les autres tendaient le pouce vers le bas.

On lira même plus tard une déclaration d’un ami de Denis Cuallado, le pervers aviné qui avait mis à nu la poitrine d’une jeune femme, et je cite « on t’a vu dans le journal. On a bien rigolé ! Mais après l’avoir déshabillée, il fallait lui pisser dessus » !

Les aficionados ne sont pas des amateurs d’art. Ces raclures sont la lie de la société !

Alors, à Rodilhan, les jeux du cirque étaient-ils de retour ce 8 octobre 2011 ? Non, et bien sûr que non, les jeux du cirque sont de retour en France depuis la première corrida.

Et ces jeux ont même leur Néron : Jean-Paul Fournier, maire de Nîmes et Serge Reder, maire de Rodilhan, entre autres.

La corrida réveille les plus bas instincts. La corrida rend mauvais. La corrida annihile toute forme d’empathie. La corrida n’est pas un art. Elle est une abomination indigne de toute forme de société, même peu civilisée.

Une loi qui protège ce qu’il y a de pire en la qualifiant d’exception culturelle est une loi indigne.

Un Etat qui hisse le martyre d’un animal au rang de patrimoine culturel est un Etat indigne.

Un ministre de la culture qui protège la barbarie est un ministre indigne.

Les politiciens pro-corrida qui dirigent votre pays sont de la même espèce que ceux qui protégeaient l’esclavage ou qui refusaient le droit de vote aux femmes.

Oui, l’esclavage était légal !
Oui, la torture était légale !
Oui, la peine de mort était légale !
Oui, la ségrégation était légale !

Mais des gens ont combattu ces lois et beaucoup sont morts pour y arriver.
Quand une loi est mauvaise, il faut l’abolir.
Quand un Etat est mauvais, il faut le combattre.

Toute évolution s’est faite dans la révolution, et toute révolution s’est faite dans la douleur.

Alors, n’ayons plus peur. Ne croyons pas qu’un petit groupe de personnes ne puisse pas changer le monde. En fait, on ne l’a jamais changé autrement.

La date du 8 octobre 2011 a changé les règles ; plus rien ne sera comme avant.

Comme disait Gandhi, « au début ils vous ignorent, ensuite ils vous raillent. Puis ils vous combattent et enfin, vous gagnez. »

Pour paraphraser l’aficion, le temps du troisième tercio est donc venu, et ce qui suit, c’est l’estocade !

Ils ont peur. Ils ont peur. Ils ont peur que la prochaine fois nous ne soyons plus 90, mais 300. Et nous serons 300 !

Qu’ils soient certains d’une chose : nous allons continuer à leur pourrir la vie.

Ces psychopathes pervers ne dormiront plus sur leurs deux oreilles !

Les attaques seront dirigées contre les arènes, contre les clubs taurins, les sponsors, les partenaires, les politiciens complices, mais aussi, comme l’ont fait nos amis hackers d’Anonymous, contre les billetteries de vente en ligne.

Aux armes citoyens ! Il faut combattre sur tous les fronts ! Nous allons les faire craquer !

Le toréro raté et chroniqueur taurin André Viard m’a qualifié d’illuminé de la pire espèce qui est venu pisser sur sa culture.

Il m’a menacé d’en faire de même sur une petite statuette bruxelloise bien connue…

Et bien Monsieur Viard, sachez que vous me flattez !

Les vrais héros du 20ème siècle qu’étaient Gandhi, Martin Luther King ou Nelson Mandela étaient aussi qualifiés de la sorte par leurs détracteurs.

Chacun a conscience de l’importance du combat qu’ils ont mené. Ces hommes ont changé le monde. Pourtant, les conservateurs et les garants de la tradition, comme vous Monsieur Viard, les avaient jetés en prison.

Tout comme eux, Monsieur Viard, nous n’aurons pas peur d’enfreindre la loi et de franchir la ligne rouge.

L’heure du politiquement correct est révolue. La guerre est déclarée.

La corrida va être abolie Monsieur Viard. Votre loisir pervers sera interdit. Et ce jour-là, l’illuminé de la pire espèce que je suis ira peindre les noms des héros de Rodilhan sur toutes les arènes de France. Et vous n’aurez plus vos yeux que pour pleurer.

Levons le poing, mes amis ! Parce que la révolution a commencé !

Corrida Basta !

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