Nous voici au centre de l’arène, à genoux, enchainés, collés les une aux autres.
Nos amis, avec les banderoles avaient déjà subi les violences des hommes et femmes : des coups, des frappes sur les têtes. Bien sur l’aficionado est courageux : il tape par derrière, il tape plus fort sur les femmes que sur les hommes. Il m’était difficile d’imaginer ce qui a suivi.
Pourtant je suis formé, aux phénomènes de foules. Ma profession de psychologue me permettait de savoir que les passages à tabac, les lynchages, les coups sont, lorsqu’ils sont réalisés dans un mouvement de groupe incontrôlables. La conscience n’est plus individuelle, mais collective.

C’est alors qu’un, puis deux, puis trois, puis de plus en plus d’hommes, enragés, aux regards exorbités, se sont jetés sur nous. Je vois alors un homme prendre des photos, calmement. Je pensais à un homme des renseignements généraux qui prenait des preuves des violences. Il n’en était rien : c’était le maire de Rodilhan ! il photographiait une après l’autre les femmes battues, les hommes roués de coup. Pas un mot, pas un geste pour calmer la pluie de coups.

C’est alors qu’un homme s’est approché de mon voisin de gauche : il le roue de coup, il vise volontairement les points douloureux, pour blesser, marquer, faire saigner. Je m’interpose, lui hurle qu’il est filmé, qu’il doit arrêter. Il n’entend pas, il me répond alors « j’en ai rien à foutre d’être filmé ».
Il me donne ensuite un coup, vise l’arcade sourcilière. Puis un autre. De toute ses forces.
Il repart s’acharner sur un autre : une femme, un homme, des coups de poings, dans le dos, le ventre, la tête, la nuque. Il vise les points vitaux : le cou, la colonne vertébrale. Il peut tuer pensais-je alors.

Attaché, je reste collé à mes voisins. Un homme approche de mon voisin avec une lance à incendie, il s’acharne sur lui, approche au maximum le jet. Puissant, il vise le cou, j’ai l’impression qu’il vise les oreilles : il veut lui percer les tympans avec la pression de la lance incendie.

Un homme chemise blanche, béret, s’approche de moi, dans mon dos, me saisit la tête, me donne un coup de poing à l’arcade.
Aussitôt rejoins par un autre (moustache, chemise rouge) un autre homme s’approche, me menace aussi « on va vous tuer salopard ». il profite alors pour me donner un coup de poing à l’arcade.

Un autre homme approche de moi, habillé en noir, je l’avais vu s’acharner sur d’autres à coup de pieds, de poings. Il me frappe au visage, j’esquive un coup. Il montre alors les points, me menace « je vais te crever » (il me menace de mort), me donne un coup de poing, il s’éloigne un peu. Peut-être pensait-il qu’il risquait quelque chose : étonnant, je suis assis, enchainé à 2 confrères.

Plus tard, lorsqu’ils ont voulu nous expulser, au sol, la masse des hommes en profite pour donner des coups de pieds au ventre. Je reconnais alors mon agresseur à la chemise rouge, il me donne des coups de pieds au ventre, il insiste, appui sur ses jambes pour y mettre de la puissance.

Nous avons toutes et tous vécu un réel lynchage, un passage à tabac. Nul doute que certains étaient prêt à tuer, à exécuter leurs menaces.
Tout ceci sous les yeux impassibles voire complices des élus de Nîmes et de Rodilhan au travers des 2 Maires respectifs.

Christophe

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