Je me lève, je suis en pleine forme, prête à partir au combat, prête à défendre mes frères.

Le rendez vous est pris, le lieu fixé ainsi que l’heure : je sais où je vais.

Avant même d’y être, je suis comme d’autres de mes frères de combat, stressée par cette maudite barrière à sauter, deux mètres. C’est bien la seule chose qui me stresse jusque-là à vrai dire …

En chemin, on ne parle que de l’action, on se questionne, on se demande bien comment tout va se dérouler.

Nous entrons sans crainte dans les gradins, on cherche du regard nos amis, et on les retrouve. Une femme assise près de moi essaye de faire la discussion, je lui souris et lui réponds comme si j’étais enchantée d’être présente, comme si ce spectacle me plaisait.

Premier coup de sifflet, je hue avec mes voisins contre ces anti-corridas en face de moi, la pression monte, je sais que dans moins de cinq minutes, ce sera notre tour, à nous de nous faire huer, à nous de passer cette barrière, à nous l’inconnu aussi… Que va-t-il se passer ? Je crois qu’on ne s’est pas vraiment posé la question, il fallait sauter, pour ces six veaux, il fallait absolument faire annuler la représentation.

Nous voilà dans l’arène, nos ennemis ne comprennent pas ce qu’il se passe, ils nous voient nous enchainer, hurler des slogans contre cette saloperie poing levé.

Les voilà qui se rapprochent de nous, ils nous hurlent dessus, nous crachent dessus, nous tapent à coups de pieds, les coups volent de partout mais nous ne bougeons pas, nous encaissons les coups. Des doigts se baissent comme pour une mise à mort : la haine se lisait sur leurs visages.

Nous ne devions pas bouger, nous devions nous battrent pour EUX : Ces six veaux mais aussi pour les prochains sur la liste.

Des hommes se sont alors rapprochés de moi, nous ont tirés avec nos chaînes, soulevés du sol. Nous continuons nos hurlements aussi, nous voulions faire entendre notre voix, crier plus, plus fort qu’eux.

L’un d’eux s’est approché de moi, je savais à quoi m’attendre, recevoir des coups, comme mes amis, je me trompais. Ce vieux pervers avait un tout autre plan en tête, m’humilier et me toucher en public. Il m’a d’abord sauvagement arraché mon tee-shirt, me voilà en sous-vêtement face à ces fous furieux. Je me retourne et je le vois s’éloigner, je pense alors qu’il est fier de lui, et ne reviendra pas vers moi. Je me trompe à nouveau, il revient à la charge, il n’en a pas encore assez vu, il en veux plus ! L’homme revient alors vers moi, et tire avec insistance sur mon soutien gorge qui finit par céder. Ce gros porc en profite pour me toucher, je suis sous le choc, mais je résiste ! Je suis à moitié nue, mais je continue de me battre, je suis ici pour les animaux. Peu importe mon état, peu importe ma tenue, ma voix était toujours là, je hurlais toujours, de plus en plus fort. L’un d’eux, à peine une vingtaine d’année s’approche, me tire par les cheveux et me traite de grosse p***, me demande si je n’ai pas honte d’être comme ça, dans cette tenue, et bien NON je n’ai pas honte, je suis ici pour les animaux, le reste m’importe peu…

Une millitante m’a fait passer une étole pour essayer de me couvrir, mais ils n’ont pas mis longtemps avant de me l’arracher. Un ami, en face de moi voit la scène, je ne veux pas qu’il se lève, je ne veux pas de violence, je ne veux pas de son aide. Il a réussi à me faire passer sa veste, que cette fois ci, j’ai pu garder.

Mon amie de combat sur ma gauche me fait de la peine, en pleure, elle a mal. Mal au pied, entorse, ou cheville cassée, on ne sait pas encore, la seule chose c’est qu’il faut la sortir de là, on se fait piétiner, taper dessus, je ne veux pas la voir comme ça : il faut sortir rapidement.

On se lève alors, un homme posté juste derrière nous lui met un violent coup de pied dans les fesses, on essaye de sortir rapidement sous les insultes des aficionados. Nous voilà dehors, enfin, après une vingtaine de minutes avec ces fous.

Nos visages sont décomposés, les larmes coulent sur nos visages, on a mal un peu partout mais on ne se plaint pas vraiment, on a encore plus mal de voir sortir nos amis, si ils sortent tous, rapidement, les corridas auront lieu, on essaye de bloquer la porte, on fait notre possible. Rien n’y fait, les derniers courageux sortent, poings en l’air.

L’une de nous se dirige vers le camion où sont les petits veaux, elle pose sa main et leur communique toutes ses pensées, elle s’excuse aussi sûrement. A ce moment là, je sens les larmes monter, je ne veux plus être là, je veux rentrer chez moi, je veux hurler de douleur pour eux, je veux pleurer .

Je ne dirais pas plus que quelques mots sur les gendarmes, les organisateurs ou encore certains élus qui étaient présents mais qui n’ont rien fait, sauf nous prendre en photo avec un large sourire. Elle est belle la France, j’ai HONTE de mon pays.

Je tiens à remercier tous mes amis de combat, je vous félicite tous pour votre courage, votre engagement pour la cause animale ! Le combat continue !

Coraline

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