Que les lobbies des tortionnaires d’animaux soient très écoutés du gouvernement, nous l’avons bien compris. Il n’y a qu’à voir la liste de cadeaux faits à la Fédération nationale des chasseurs, si longue qu’il serait fastidieux de la reproduire ici.

La corrida, faut-il le rappeler, est une dérogation à la législation pénale en matière de maltraitance animale. En effet l’article R. 654-1 du code pénal, après avoir énoncé les peines sanctionnant les mauvais traitements sur un animal domestique, précise :

« Les dispositions du présent article ne sont pas applicables aux courses de taureaux lorsqu’une tradition locale ininterrompue peut être invoquée. »

Corrida organisée lors de la visite d’Himmler à Franco, en 1941.

Ladite tradition ne fut importée qu’en 1853 d’Espagne, où elle est de nos jours décriée aussi vivement qu’elle peut l’être en France (rappelons que la Catalogne l’a aboli en 2010). Dès lors, qu’est-ce qui peut inspirer cette soudaine volonté gouvernementale d’inscrire la corrida française au patrimoine immatériel français ?

Quand corrida et politique faisaient bon ménage

Réponse : la volonté de séduire certains électeurs, évidemment. Notre gouvernement en chute libre dans les sondages espère trouver chez les aficionados, comme chez les chasseurs, des voix pour 2012.

Mais craignant d’en perdre ailleurs, le ministère de la Culture s’était bien gardé d’en faire l’annonce. Cette dernière est le fait d’un aficionado, André Viard, trop content de son triomphe pour le cacher plus longtemps.

C’est bien à des fins politiciennes qu’on a voulu ériger cette tradition particulière au rang de « culture » nationale.

De qui Frédéric Mitterrand veut-il s’inspirer ? On pense moins à son oncle se souciant de sa postérité quand il érige les pyramides du Louvre ou une bibliothèque à son nom, qu’aux régimes totalitaires lorsqu’ils soumettent la culture à leurs objectifs politiques.

On sait avec quel soin Hitler s’appuyait sur les arts ou le sport pour faire sa propagande. L’Espagne franquiste ne fut pas en reste avec la corrida, grâce à laquelle fut célébrée en 1937 la victoire du dictateur.

On en a aussi fait en l’honneur des nazis, comme en témoignent le cliché ci-dessus, et les toreros n’étaient pas les derniers à tendre le bras. Aujourd’hui nous n’en sommes plus là, heureusement, cependant la bassesse est la même.

Prospectus de la corrida organisée lors de la visite d’Himmler à Franco, en 1941.

Source : Rue89 (http://www.rue89.com)

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