La preuve par la corrida
Comme la chasse est la mort loisir, la corrida est la mort spectacle.
Dans ces deux activités non seulement l’animal est nié dans sa qualité d’être sensible, mais il est torturé, tué en raison même de cette sensibilité .
Car, sans effroi, sans la peur et la douleur, sans l’inquiétant plaisir de supprimer une vie, ces rites n’existeraient pas.
L’homme, par avidité, cupidité, indifférence fruit de l’habitude, fait de sa planète un enfer pour les autres animaux.
Pour s’enrichir, accroître ses connaissances biologiques notamment, l’espèce humaine s’est arrogé le droit d’exploiter, de marchandiser les animaux, les transformant, au besoin en « matériel de laboratoire ».
A défaut d’excuses pour ces crimes, l’homme avait des explications qu’il pouvait imaginer rationnelles.
Dans la chasse récréationnelle et dans la corrida, l’homme se révèle en animal pervers.
La corrida dépasse en horreur tout ce qu’inflige à des êtres sensibles certains humains qui ont oublié de l’être.
Rien ne justifie que durant vingt minutes, dans un rituel d’opérette grotesque, des individus, bardés de fer, perforent et torturent jusqu’à la mort un taureau, nullement « de combat », mais simple herbivore.
Ici, pas d’alibi économique, pas de nécessité de faire progresser la science, de nourrir des populations.
La souffrance est érigée en spectacle et sans elle il n’aurait pas lieu.
Le taureau doit souffrir pour que la foule apprécie, faisant de cette agonie une jouissance.
Alors, l’homme de conscience s’interroge sur la raison d’être de cette abyssale cruauté.
Écartons la littérature de pacotille sur le côté « combat » de la corrida.
Un taureau pesant cinq cents KG ne tue pas pour se nourrir et sa force musculaire, son éventuelle agressivité ne visent qu’à protéger, dans la nature, les troupeaux de vaches.
Son attitude n’est que de pure défense et il n’a pas le goût du sang, contrairement à ses tortionnaires.
Dans l’arène, il n’y a pas combat puisque le résultat est connu d’avance.
Le torero ne manifeste aucun courage physique en rencontrant sa victime, au demeurant amoindrie préalablement et s’il advient, comme dans toute activité, des accidents, ceux-ci sont plus rares que dans de nombreux sports.
Et pourtant, deux philosophes professionnels qui tentent de justifier la tauromachie invoquent ce « courage ». Approfondissons la réflexion sur la nature de ce « courage ».
Pour nos deux philosophes, intervenant sur France CULTURE, la « corrida exige des qualités perdues dans notre civilisation ».
Ils disent « qualités » et je les retrouve sur ce terrain mais qualifierai de tares ce qu’ils appellent « vertus ».
Pour transpercer, mutiler, tourmenter, poignarder un être sensible acculé, il faut en effet un inquiétant « courage » : Celui consistant à abolir en soi les qualités humaines pour revenir à un état brutal, primaire, oublieux de la sensibilité.
Ces « qualités » ne font pas l’homme mais le guerrier, le tueur, le génocideur qui constitua un stade de notre évolution.
La corrida nie le processus d’hominisation en cours, celui qui nous permet de vaincre l’instinct de mort dans lequel les réactionnaires croient voir les valeurs viriles et sauvages de notre nature profonde.
Le vrai courage consiste inversement à répudier la violence, à cultiver l’empathie, à aimer la vie et non la mort.
Abolir la corrida, c’est apprendre le respect des taureaux mais aussi des humains qui valent mieux que ces « héros de sang et de haine ».
L’homme contemporain demeure-t-il un animal dangereux ?
Oui et vous avez la preuve par la chasse, la corrida, le terrorisme.
Gérard CHAROLLOIS
CONVENTION VIE ET NATURE
MOUVEMENT D’ECOLOGIE ETHIQUE ET RADICALE
POUR LE RESPECT DES ËTRES VIVANTS ET DES EQUILIBRES NATURELS.