A MARSEILLE, en ce mois d’avril 2013, des avocats amateurs de torture érigée en spectacle, proposent une exposition à la gloire de la tauromachie.

Parce que l’homme n’est pas pleinement hominisé, parce que nous vivons en barbarie, la cruauté et la cupidité ordinaires exhalent leurs miasmes nauséabonds

Ce n’est jamais sans inquiétude que l’on découvre vivre dans une société où des individus, apparemment semblables à nous-mêmes, jouissent de la souffrance et de la mort d’un être sensible, tirant de cette souffrance même l’objet de leur délectation.

Cette ressemblance apparente n’est qu’un leurre car le processus d’hominisation résulte de la capacité d’empathie et le refus d’infliger à autrui des sévices mortels.

Que lit-on sous la plume des tortionnaires ?

« la corrida symbolise l’affrontement d’un monstre de cinq cents KG avec un homme divinisé, terrassant le mal » !

De pareilles élucubrations auraient pu, à travers l’Histoire, chanter les combats de gladiateurs, les ordalies, les bûchers, les supplices appliqués aux possédés et hérétiques pour en extirper le malin.

En fait, en vérité, la corrida n’est que la torture publique d’un herbivore, quatre fois moins lourd qu’un éléphant, cruellement préparé, avant son entrée en scène, pour ne pas trop nuire au tueur déguisé en poupée ridicule, dans un rituel débile.

Que les mots masquent mal les faits et qu’ils sont dérisoires ces littérateurs de pacotille, philosophes dévoyés, mondains arrogants qui s’extasient devant l’art des arènes, la joute du « bien » et du « mal », de l’homme et du fauve, de l’homme héroïque parce que renonçant à sa sensibilité pour célébrer sa puissance et sa supériorité sur la bête.

Faut-il, au nom de la tolérance, du relativisme, du particularisme ou de la lâcheté tolérer la torture tauromachique ?

Je répondrais par cette autre question.

Faut-il, au nom de la tolérance, du relativisme, du particularisme ou de la lâcheté tolérer le camp d’extermination, le génocide, l’excision des fillettes, la réduction en esclavage ?

Face à la torture d’un être, quel qu’il soit, la tolérance, le relativisme, le particularisme ne sont quel es paravents de la répugnante lâcheté.

La corrida est une barbarie que tout humain hominisé doit combattre et dénoncer.

Aucun verbiage fumeux et laborieux, aucune symbolique théâtralisée ne saurait justifier que l’on soumette un être sensible à des souffrances inouïes pour faire jouir une foule malsaine avide de sang et de haine pour un animal qui n’est jamais qu’un herbivore pacifique dont la prétendue « férocité » ne tient qu’à sa vocation de protéger, dans la nature, un troupeau de vaches.

A l’opposé d’un amateur de corrida, un taureau n’aime pas l’odeur du sang.

Sa force est au service de la défense de ses femelles et de ses jeunes puisqu’il ne consomme que des végétaux.

En Espagne et en France, chaque année, des centaines de bovidés subissent l’enfer des arènes pour complaire à la perversité humaine.

Qu’est-ce qu’un pervers ?

En psychopathologie, un patient qui trouve son plaisir dans le mal qu’il procure à autrui.

A notre époque, la torture tauromachique ne recueille l’adhésion que d’une infime minorité et les tenanciers des tiroirs caisses du spectacle de sang ne parviennent guère à rentabiliser leurs petites affaires.

Ce qui retarde l’abolition de ces rites sanguinaires tient à la pusillanimité des gouvernants et des législateurs.

Pour le sauvetage d’une démocratie malade, pour ne pas alimenter le populisme malodorant du temps, pour rompre avec les aigreurs de sttyle années 1930, nous aimerions ne pas participer au rejet méprisant de la classe politique.

Mais comment ne pas éprouver de dégoût face à sa capitulation devant le crime !

Elus, cessez de feindre de donner satisfaction aux femmes et hommes civilisés en déposant des propositions de lois d’abolition de la tauromachie en acceptant que votre geste ne soit suivi d’aucun effet.

Dans la précédente législature, nous vîmes une députée s’illustrer par des dépôts de propositions de lois d’abolition, jamais examinées par le parlement. Cette élue s’associa à une proposition de loi pro-chasse qui elle fut votée.

Or, la corrida est la mort spectacle comme la chasse est la mort loisir.

Exigez, parlementaires, si vous voulez être des législateurs honnêtes, cette abolition en en faisant une condition de votre soutien à une majorité.

Ne soyez plus des Munichois, des capitulards, des tolérants de l’intolérable !

Et vous, militants de la magnifique cause du vivant, oubliez vos querelles suicidaires pour accéder à ce plus haut degré de conscience qui fait privilégier le combat contre la violence et la cruauté, en oubliant ce qui est subalterne et dérisoire.

Soyez unis plus que jamais dans cette société malade, en passe de succomber aux vieux démons des mauvais sentiments.

Il est urgent que ceux qui refusent les régressions morales, l’égoïsme, la ringardise, les traditions s’unissent pourparler haut, fort et clair.

Gérard CHAROLLOIS

CONVENTION VIE ET NATURE
Mouvement d’écologie éthique et radicale
Pour le respect des êtres vivants et des équilibres naturels

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