La corrida, personne ne peut nier cette évidence, relève aujourd’hui du domaine de l’horreur et de la souffrance. Pour qui rêve de paix et d’harmonie, de beauté et de sérénité, la vision de malheureuses bêtes herbivores, souvent trafiquées et sorties de leur milieu naturel, trouées de piques et de lances, pissant le sang par des plaies et par la bouche ouverte, hagardes, agonisantes, suscite la nausée et soulève le cœur. Quelqu’un peut-il, lucidement, prétendre ne pas avoir envie de détourner les yeux, de pleurer ou de vomir face à d’aussi épouvantables horreurs qui ne correspondent à rien ?

La corrida n’a, en effet, strictement rien à voir avec la culture française, la vie des hommes et la grandeur des âmes. Importée d’Espagne où, après avoir été abolie, elle fut restaurée par le sanglant dictateur Franco, elle ne correspond à aucune tradition, à aucun héritage, sinon à ceux de la douleur, de la cruauté, de l’ignominie.
Dans la France de 2014 qui se veut terre de Libertés et de Culture, il est du devoir moral, intellectuel, civique, artistique de tout un chacun non seulement de refuser ces horreurs rétrogrades, ridicules et démodées mais de lutter pour un monde d’harmonie respectant les êtres vivants. Le citoyen ne peut plus, aujourd’hui, accepter passivement ces agressions qui, génératrices de violences, ensanglantent un pays et qui déshonorent une région. L’être humain est fait de passions et de désirs. Comment, donc, ne pas être submergé d’écoeurement et d’indignation face à un tel mépris de la vie, un tel étalage de sadisme et de telles coulées de sang ?
Jean-Pierre Garrigues, Président du CRAC Europe, et Christophe Marie, directeur du bureau de la Protection animale et porte-parole de la Fondation Brigitte Bardot, sont, comme des millions de Français, écoeurés et indignés face à cette horreur anachronique et sanguinolente, cette pitrerie macabre, hideuse et honteuse qui s’appelle corrida. Ils l’ont dit, ils l’ont crié avec leurs mots, leur force, leur dignité, leur honneur. Ils ont eu raison. J’aurais fait de même. Des millions de Français font de même.

La France est un pays de libre expression. Comment croire qu’on peut y torturer impunément des animaux et ne choquer personne, ne heurter aucune sensibilité, ne violenter aucune conscience ? A ces deux inculpés, je tiens donc à apporter publiquement mon plein soutien et ma totale amitié et clamer qu’ils me réconcilient, comme quantités d’autres militants de la cause animale, avec le genre humain. La corrida génère le désordre et la virulence, la bestialité et le dégoût. Rester impassible face à cette vilenie est évidemment impossible. Je remercie Jean-Pierre Garrigues et Christophe Marie de nous rendre notre dignité face à l’inqualifiable et je souhaite que les juges le comprennent. Pleinement et justement.

Henry-Jean Servat
Journaliste, écrivain.

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