Monsieur le ministre de la non-violence, Manuel Valls,

Pouvez-vous m’expliquer la dualité de votre personnalité qui est « la contradiction de l’unité, en est aussi la conséquence (Charles Baudelaire) ? Cette dualité évoque une créature bicéphale. Le ministre de l’Intérieur serait-il donc un homme bicéphale ?

En effet, vous luttez de toutes vos forces contre l’extrême violence meurtrière qui secoue plusieurs villes en France, alors que vous défendez frénétiquement et avec une certaine délectation l’extrême cruauté sadique qui transforme toutes les arènes en cloaques où l’esprit de certains hommes et femmes aime patauger…

Vous êtes à la fois Mr Hyde et Dr Jekyll, ange et démon, prince charmant sur son coursier et cavalier de l’apocalypse, Manuel l’oint de Dieu qui semble vouloir le bien et Méphistophélès incarnant le diable sur terre…

Ce n’est pas parce que vous êtes originaire de Barcelone, né dans une famille à tradition taurine que vous devez tenter de perpétuer ailleurs que chez vous la barbarie des arènes et dresser, partout où l’occasion se présente, des obstacles aux milliers de personnes civilisées qui luttent pour l’abolition de l’ignominie ! Occupez-vous des charges qui vous incombent, la sécurité intérieure, l’administration du territoire et des libertés publiques. Votre travail de ministre de l’Intérieur n’est pas compatible avec une action personnelle, active et continue dans le but de protéger votre passion dégueulatoire ! (le mot n’est pas assez fort !)

Vous ne serez plus très longtemps le petit dictateur aficionado auquel ne manque que la jaquette de sombre lumière incrustée de verroterie rutilante et les collants roses éclaboussés de sang d’animaux torturés à mort par une bande de sauvages que vous protégez parce que vous partagez la même passion ignoble ! On me dirait que vous êtes un descendant de l’empereur Caligula, le sanguinaire qui prenait parfois un malin plaisir à tuer des innocents, que je ne serais pas surprise.

Connaissez-vous le CRAC Europe qui utilise et utilisera tous les moyens légaux à sa disposition pour ébranler le système mafieux de la tauromachie ? Sachez-le, le CRAC Europe ne lâchera rien, les militants sont prêts à se laisser maltraiter pour la nième fois par des sadiques pour sauver les enfants innocents, manipulés par ces mêmes sadiques, ainsi que pour arracher des griffes des tortionnaires les taureaux et chevaux torturés à mort. Juste pour un plaisir pervers !

Savez-vous que les opposants à la corrida que vous ne cessez de brimer jouissent du droit de « résistance à l’oppression, tel que défini par l’article 2 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 ? Il faut que cesse la dictature tauromachique. Il faut que vous et vos petits copains amateurs de cruauté infligée aux animaux arrêtiez de confisquer le débat démocratique. D’autant que la corrida, décrite par le président du TA de Marseille comme une barbarie nécessitant un débat de société va générer de plus en plus de trouble à l’ordre public !

Monsieur Manuel Valls, plongez dans votre conscience et découvrirez-y l’incohérence de votre comportement, de vos idées. On ne peut à la fois protéger les humains et laisser, par procuration, torturer, massacrer, étriper des animaux, juste pour assouvir des pulsions obscures. Sous le manteau d’une tradition qui vous avilit !

Isaac Bashevis Singer, auteur juif, prix Nobel, grand humaniste, écrit :

Tant que les êtres humains continueront à répandre le sang des animaux, il n’y aura pas de paix dans le monde.

Tout ce verbiage sur la dignité, la culture, la tradition semble ridicule lorsqu’il sort de la bouche même de ceux qui tuent des créatures innocentes, font de la chasse à courre, encourage l’existence des « combats » de taureaux …

Pour ces créatures, ces humains sont des nazis ; pour les animaux, la vie est un éternel Treblinka !

Le grand Monsieur Albert Jacquard, humaniste et fervent opposant aux pratiques sanglantes des arènes, vient de nous quitter. Son souvenir, indélébile, restera dans la mémoire des hommes. Alors que le nom de Manuel Valls, étoile filante, sera bien vite relégué aux oubliettes.

Je vous remercie de m’avoir lue et vous envoie mes salutations indignées.

Continuez d’écouter Mozart, les œuvres musicales auxquelles participe votre épouse, premier prix de violon ! La grande musique adoucit les mœurs, dit-on ! Ce dicton ne semble pas vous concerner et c’est bien regrettable…

Irène Noël

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