À Alès, le 26 novembre 2012,

Madame, Monsieur,

Vous allez très prochainement voter en conseil municipal pour choisir un nouveau prestataire de sévices pour la ville d’Alès. Nous vous demandons solennellement de voter contre toutes les candidatures et de proposer la mise en place d’un moratoire sur l’organisation de ces séances barbares que certains nomment « corrida » dans notre belle ville.

Avec la complicité regrettable du premier magistrat de la ville, nous constatons avec regret et colère que nous sommes en dictature tauromachique. Nous en voulons pour preuve les éléments suivants :

  • 1) Malgré de nombreuses demandes, le maire refuse de nous recevoir. En neuf ans d’activité, nous avons eu droit à un seul rendez-vous, en juillet 2009. Depuis, plus rien. Max Roustan prétend que nous n’employons pas « la bonne méthode » avec lui et qu’il refuse de prendre des décisions sous la pression. Qu’avons-nous obtenu en huit années de demandes « sans pression » ? Pratiquement rien. Le CRAC est exclu de la Fédération Alès 1901.
  • 2) C’est ce deuxième point qui démontre que nous sommes bien en dictature tauromachique. Cela fait neuf ans que nous demandons à intégrer la Fédération des associations alésiennes, « Alès 1901 ». Cela fait neuf ans que nous sommes victimes d’une discrimination scandaleuse, sans aucun argument de justification. Le dernier courrier de M. Palmier, président d’Alès 1901, est risible [7] : « votre association ne nous apparaît toujours pas comme prioritaire à l’adhésion de l’association “Alès 1901” ». En effet, au bout de neuf ans, on comprend ! De qui se moque-t-on ? Impossible d’obtenir la liste des dix membres du conseil d’administration. Quelle est cette opacité ? Quel est ce fonctionnement ? Il s’agit d’une fédération des associations d’Alès ou d’un club des amis du maire ? On peut se poser la question… Faudra-t-il aller en justice pour faire valoir notre droit ?
  • 3) Comment peut-on accepter, en période de crise économique, de continuer à financer une activité déficitaire et si controversée ? Entre 2007 et 2012, le nombre de corridas a été divisé par deux en Espagne. Et en France, on fait comme si de rien n’était ? On continue de gaspiller l’argent public ? On prête les arènes aux tortionnaires ? On comble les déficits par une subvention ? Comme a pu nous dire l’un des élus de la ville : « La corrida, ça coûte un bras à la commune ! »
  • 4) Le 2 juillet 2012, le CRAC a commandé à l’Institut CSA un sondage sans précédent pour simuler un référendum pour ou contre le maintien des corridas à Alès. Le résultat est sans appel : 55 % des Alésiens votent pour l’abolition, 60 % des habitants de la commune ont une mauvaise image de cette pratique barbare. Le Midi Libre du 25 juillet 2012 [8] parle d’un sondage révélateur. Et vous allez continuer à voter pour le maintien de la corrida à Alès en conseil municipal ?

Le monde de la tauromachie a passé le plus clair de son temps, depuis 1853, date de son introduction en France, à violer les lois de la République. Dans un excellent article publié ce 24 novembre, l’écrivaine Anna Galore le démontre avec brio. Lorsque l’organisateur des corridas de Nîmes change lui-même le taux de TVA, lorsque le maire de la ville d’Alès ne respecte pas les places de parking réservées aux handicapés, nous sommes dans la même logique.

Le 8 octobre 2011 à Rodilhan, près de Nîmes, le monde de la tauromachie a montré son vrai visage : celui de la violence, de la haine et de la torture. Merci de prendre quelques minutes pour visionner les vidéos du DVD joint à cet envoi que nous avons intitulé « le langage de la haine ». Un procès retentissant s’annonce très bientôt à Nîmes : 70 plaintes, plus de 30 agresseurs identifiés, dont des élus, éleveurs de taureaux, chroniqueurs taurins, toreros… Quel beau petit monde en vérité !
Madame, monsieur, vous avez le pouvoir de faire changer les choses à Alès, vous avez le pouvoir de faire appliquer la démocratie. Nous ne pouvons pas imaginer que vous puissiez continuer à cautionner de telles pratiques barbares dans notre ville, un tel déni de démocratie, un tel mépris pour la majorité de vos électeurs. Nous vous demandons de bien vouloir recevoir au plus vite une délégation du CRAC afin de pouvoir échanger de manière constructive sur ce sujet sensible. La société évolue, la corrida, c’est terminé en Catalogne espagnole (référendum), idem pour 40 % des cantons de l’Équateur (référendum), c’est terminé également à Fenouillet, près de Toulouse (le maire perd son mandat en 2008 face à une liste anticorrida), à Fréjus, le maire considère que les mentalités évoluent et arrête les corridas, à Collioure, les arènes sont rasées… Après notre action pacifique (nous n’avons pas répliqué au déchaînement de violence des barbares) de Rodilhan, le festival sanglant « Graines de tortionnaires », autour de Nîmes, c’est terminé aussi depuis cette année…
Merci par avance pour votre réponse. L’heure est grave, l’abolition est en marche, et c’est avec vous, pas contre vous que nous souhaiterions qu’elle arrive dès 2013. Les 11 et 12 mai 2013 aura lieu à Alès la plus grande manifestation abolitionniste jamais organisée en France, et qui se déroulera à trois reprises durant ce week-end. Nous avons cette capacité (nous étions déjà près de 4000 à Paris en février dernier – nous pensons être plus de 5000 à Alès). Il est regrettable que, manifestement, Max Roustan ne l’ait pas encore compris. Nous serions heureux de vous accueillir à nos côtés lors de cette triple manifestation.

Veuillez recevoir, Madame, Monsieur, l’expression de nos sentiments les plus déterminés.

Pour le CRAC
Comité Radicalement Anti Corrida pour la protection de l’enfance
Jean-Pierre Garrigues
Président

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