Plusieurs messages de soutien nous ont été envoyés à l’occasion de la manifestation unitaire anticorrida de Mont-de-Marsan. Les voici rassemblés ici :

Jean-Pierre Garrigues, président du CRAC Europe

Chers amis de combat,

Pour des raisons de santé, je ne peux pas être aujourd’hui parmi vous, ce que je regrette profondément. Ce n’est que partie remise et nous aurons bien d’autres moyens de pression dans cette guerre contre la torture tauromachique. Je reviendrai, c’est promis !

Je voulais d’abord remercier l’ensemble des militants pour l’abolition de la corrida, pratique abjecte issue de cerveaux bien malades. Merci infiniment pour vos nombreux soutiens, très émouvants et plein de compassion. Merci à toute l’équipe du CRAC Europe et à tous les partenaires de cette journée.

Enfin, je voulais lancer un appel pour en finir légalement avec cette tauromachie obsolète et barbare. Nous avons aujourd’hui sept propositions de loi à l’Assemblée Nationale, dont cinq pour l’abolition totale de la corrida. C’est du jamais vu ! Je vous demande de bien vouloir prendre un peu de votre temps militant et d’aller rencontrer votre député pour lui demander de signer la PPL de son parti politique. Il est encore temps pour arriver à la victoire. Nous avons, à ce jour, 105 députés signataires. Vous pouvez le faire, nous avons ce pouvoir ! Merci de demander les documents à l’équipe CRAC Europe.

A très bientôt, lors d’une prochaine manifestation ! Nous gagnerons cette bataille ! Bon combat !

Jean-Pierre GARRIGUES

Nicolas Hulot, homme politique

Je crains que la prétendue beauté de la corrida n’efface une profonde laideur, celle de faire de la mort un spectacle. Le fait d’ôter la vie ne peut être source ni de plaisir, ni de mise en scène.

La vie dans l’univers n’est pas la norme, elle est l’exception. Nous sommes la partie consciente de cette exception. Et nous devons célébrer et vénérer la vie sous toutes ses formes, et non la mort. L’homme se grandit à la respecter et se réduit à la bafouer.

Au moment où dans notre pays l’on découvre chaque jour combien la condition animale est méprisée, où la souffrance animale est l’ordinaire dont nous nous accommodons avec indignité, comment ajouter de l’indignité à l’indignité pour le seul plaisir des yeux.

La civilisation est un long parcours où l’on se libère de nos vices au profit de nos vertus.

Nicolas Hulot

Allain Bougrain Dubourg, président de la Ligue pour la Protection des Oiseaux

Les philosophes considèrent que nous avons de l’animalité en nous.

Évidemment puisque nous appartenons à cette grande et belle famille des animaux. Mais jamais aucune bête n’a orchestré la mort en spectacle. Seul l’homme s’est montré capable d’une telle inhumanité.

Les arènes ont épongé trop de sang, trop de souffrance. Il est temps que la morale se libère du sable rougi.

Rejetons cette tradition tauromachique qui ne peut s’inscrire dans une conscience collective partagée.

Redonnons à la vie sa véritable beauté en effaçant l’agonie préméditée.

De tout cœur avec vous.

Allain Bougrain Dubourg

Yves Paccalet, philosophe

L’aficionado prétend que le taureau ne souffre pas des blessures qu’on lui inflige. De rares penseurs, dans la lignée des « animaux machines » de Descartes, soutiennent encore cette idée. Mais la science démontre le contraire. Tous les animaux possèdent des terminaisons nerveuses (des « points de douleur ») affectées à la perception de la blessure. Par centimètre carré de peau, l’homme et le taureau ont exactement le même nombre de ces neurones. Ils ressentent les agressions corporelles avec la même intensité – la même épouvante, la même angoisse, le même réflexe de fuite.

Il fut un temps où l’on imaginait que les êtres dits « inférieurs » ne souffraient pas, ou peu. Les baleiniers prétendaient que les baleines, parce qu’elles sont énormes, sentent à peine le harpon qui les tue. Les pêcheurs à la ligne voulaient croire que le poisson n’éprouve pas la violence de l’hameçon. On appliquait d’ailleurs le même raisonnement aux humains. Au temps de l’esclavage, le maître se persuadait que le « Nègre » était moins sensible à la douleur que le « Blanc ». On disait que les femmes (parce qu’elles doivent un jour accoucher !) sont plus « dures au mal » que leurs mâles. On affirmait que le système nerveux des bébés n’est pas « terminé », et que ceux-ci n’éprouvent pas la douleur – alors même qu’ils sont pétrifiés d’horreur !

En vérité, la douleur est universellement partagée. Les scientifiques sont en train de prouver qu’elle existe même chez les plantes. Infliger une douleur à autrui pour en tirer une émotion et du plaisir s’appelle le sadisme. Les taureaux souffrent atrocement lorsqu’on leur plante dans l’échine une banderille armée d’une pointe en harpon longue de vingt centimètres. En proportion, c’est comme si l’on fichait un croc de deux centimètres dans le dos de l’aficionado.

L’homme tue, notamment pour manger. Il incarne, de loin, le plus grand prédateur de la planète. Cela ne justifie pas qu’il continue d’organiser des spectacles dans lesquels il jouisse à la vue d’un animal mugissant et écumant de douleur, qui crache des ruisseaux de sang par la bouche et les narines… Il faut que nous le répétions sur tous les tons et en tous lieux : la corrida constitue une activité totalement inhumaine – au sens juridique du terme. C’est un crime contre la part inaliénable d’humanité que nous sommes censés porter en nous…

Yves Paccalet

Michel Onfray, philosophe
(extrait de son livre Cosmos, avec son autorisation)

onfray cosmos

Michel Onfray

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