Depuis que les êtres humains se sont répartis partout sur Terre, ils ont mené bien des combats qui les ont opposés les uns aux autres. Il y a eu d’innombrables guerres, des soulèvements, des révolutions. Il y a eu des mouvements revendicatifs pour améliorer leur qualité de vie, leurs droits, leur liberté. Il y a même eu récemment des manifestations visant à restreindre la liberté d’autres parmi eux.

Tous ces déploiements ont eu un point commun : ceux qui se sont mobilisés l’ont fait pour revendiquer quelque chose qui ne concernaient qu’eux.

Les militants de la cause animale sont différents : ce qu’ils mettent toute leur énergie à obtenir n’est pas pour eux, ni même pour d’autres êtres humains. Ils se mobilisent pour le bien-être d’autres espèces, sans rien attendre en retour de ces créatures qu’ils veulent défendre. Ce qui les animent, c’est l’éthique et l’équité. Et c’est ce qui rend ce combat aussi grand.

Comment est-il possible qu’une minorité de tortionnaires soutenus par des gens avides de souffrance et de sang puisse imposer le maintien de cette pratique barbare qu’est la corrida ? Comment pourrait-on le supporter sans rien dire ?

Demain, nous le dirons haut et fort : il faut abolir cette horreur. Nous n’avons rien à y gagner dans nos vies quotidiennes, nous aurons exactement les mêmes petits soucis et plaisirs après qu’avant. Nous ne le faisons pas pour nous, nous le faisons pour des ruminants qui ont eu le malheur à la fois d’être faciles à élever en captivité et d’avoir des cornes impressionnantes qui excitent les fantasmes morbides d’une poignée d’arriérés.

Notre présence à Alès se veut pacifique et non violente. La municipalité a pris la responsabilité de durcir la situation en nous imposant de manifester loin du centre focal de notre raison d’être là : les arènes. Le maire, qui organise des corridas dans sa ville depuis 18 ans qu’il a pris le pouvoir et qui manipule sans vergogne les naïfs en leur faisant croire qu’il est contre, le maire qui a confirmé publiquement “Tant que je serai à Alès, les corridas resteront !”, ce maire ne réalise pas qu’il a, par sa morgue et son aveuglement, réussi à faire encore mieux connaitre notre venue dans les médias et à braquer tous les projecteurs sur nous.

Il y a deux ans, je faisais partie des 30 à Nîmes qui s’étaient allongés au pied de la statue du torturador Nimeño 2. Il y a un an, je faisais partie des 200 à Alès venus sous une pluie diluvienne dire non à la venue d’un salaud qui avait conduit son cheval à l’éventration et la mort. Demain, je ferai partie des 5000 à Alès qui demanderont, encore et toujours, l’abolition de la corrida.

Ces journées vont entrer dans l’histoire de la protection animale en France pour être le plus grand rassemblement jamais organisé contre la corrida dans notre pays. Elles sont dues à la détermination d’un homme, Jean-Pierre Garrigues, qui a su entraîner et fédérer autour de lui plus de 200 associations et organisations sensibles à la condition animale sans qui rien de cela ne serait devenu possible. Tous ceux qui ont répondu à son appel seront heureux et grands d’être présents pour faire avancer la cause des taureaux. Tous ceux qui auraient voulu venir mais ne le pourront pas seront à nos côtés, dans nos cœurs. Quant aux rares qui n’ont pas voulu être là pour de bien petites querelles d’égo, ils resteront sur les bas-côtés de l’Histoire.

Demain, nous allons être des milliers à nous retrouver à Alès pour dire non à la corrida, non à la torture d’animaux donnée en spectacle. Demain, nous ne venons pas pour affronter les forces de l’ordre, que nous respectons parce qu’elles nous ont si souvent protégés de la brutalité sauvage des aficionados quand elles étaient là. Demain, nous ne venons pas non plus pour affronter des pro-corridas qui seront en très large infériorité numérique par rapport à nous, ce sont eux les lâches, pas nous.

Demain, nous venons pour les taureaux.

Retrouvez cet article sur le blog d’Anna Galore.

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