Samedi 25 juillet 2025 dans la soirée, nous étions dans les arènes de Pérols pour surveiller la finale de la Becerrada.
Ce n’est pas une simple curiosité qui nous y a conduit, mais un engagement : celui de veiller à ce que la loi soit respectée.
En juin 2024, à l’initiative du CRAC Europe, le tribunal administratif de Montpellier avait interdit à la ville d’organiser des spectacles impliquant la mise à mort d’animaux car il n’y avait plus d’excuse de tradition, le village ayant arrêté tous seul il y a 20 ans.
Mais depuis, la municipalité de Pérols a fait appel de cette décision.
Dans l’attente du jugement, elle tente de convaincre l’opinion publique — et peut-être aussi les juges — qu’il existerait ici une tradition locale suffisamment enracinée pour justifier, ou plutôt pour dépénaliser, la cruauté.
Une tradition qui, selon eux, permettrait de torturer et tuer des animaux sans encourir de poursuites.
Hier soir, à Pérols, pas de piques, pas de banderilles, pas de mise à mort.
Mais ce que nous avons vu n’était pas moins affligeant.
Un spectacle pathétique, sans violence formelle mais porteur de toute l’ambiguïté du simulacre de mort.
Malgré la gratuité, seuls 360 spectateurs ont occupé les 1200 places disponibles.
Principalement des touristes venus passer une soirée sans payer, autrement dit… aux frais des contribuables.
On leur avait promis de l’émotion, du folklore.
On leur a distribué des serviettes jetables en papier à l’entrée, à agiter pour féliciter de jeunes toreros en devenir — oui, des élèves tueurs — qui s’appliquaient à effectuer des passes de cape, des entrainements à tuer.
La scène avait parfois des accents absurdes.
Un ado torero a même perdu sa chaussure en pleine piste.
Un adulte a dû l’aider à la remettre, comme si la réalité, soudain, tentait de reprendre ses droits dans ce théâtre poussiéreux.
Et puis, il y a eu le taureau.
Non pas mis à mort, mais humilié.
Épuisé, excité, perdu au milieu de l’arène, il refusait de regagner le toril.
Un taureau qui a vu l’arène n’y retournera jamais car il connait la supercherie et pourrait devenir dangereux pour l’humain s’il y revenait.
Contrairement au taureau Camargue, son sort est scellé.
Dans quelques jours, il finira à l’abattoir comme la majorité de l’élevage dont il provient.
C’est cela, la réalité derrière le décor.
Une mise en scène financée par l’argent public, servie à un public distrait, mais fondée sur le mensonge et la souffrance.
Alors que la municipalité parle de tradition, nous parlons de justice, d’éthique, et de vérité.

Et nous serons là, à chaque fois qu’il le faudra, pour la rappeler.

==> Vidéo témoignage à découvrir ici <== 

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