Simon Casas : “Il y a aujourd’hui trop de toréros…”
Corrida à Nîmes : trop de toreros, trop de discours, pas assez de vérité
À 78 ans, Simon Casas tire la sonnette d’alarme dans un article de Sud Ouest. Il y aurait trop de toreros, trop de corridas, trop d’événements, trop de saturation. Sur ce point, difficile de le contredire. Mais ce que cette interview révèle surtout, au-delà des formules bien rodées, c’est l’aveu à demi-mot d’un système à bout de souffle, artistique, économique et politique.
Car derrière la nostalgie et les postures de gardien du temple, les chiffres, eux, ne font pas de poésie et ne se parent pas d’illusions.
Une tauromachie en surproduction
Simon Casas le reconnaît lui-même : le système produit plus de toreros qu’il ne peut en faire vivre. Trop d’aspirants, trop de cartels interchangeables, trop de corridas sans enjeu. Résultat ?
Une dilution de l’intérêt, une baisse de l’exigence, une standardisation du spectacle.
Autrement dit : la corrida souffre aujourd’hui des mêmes travers que l’industrie qu’elle prétend ne pas être.
Et quand un des principaux organisateurs admet publiquement qu’on « va arriver à saturation », ce n’est pas une opinion militante : c’est un constat interne.

L’argument économique qui ne tient plus
Depuis des années, les défenseurs de la corrida brandissent le même mantra :
« La corrida rapporte à la ville. »
La Chambre Régionale des Comptes est venue casser ce mythe en 2025 avec méthode et froideur comptable.
À Nîmes, oui, la DSP permet à la municipalité d’afficher un solde légèrement positif sur le papier. Mais la CRC est claire :
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les retombées économiques spécifiques de la corrida ne sont pas démontrées,
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Seuls 5% des participants à la feria vont aux corridas
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tous les modèles économiques contrôlés sont fragiles,
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et les sociétés organisatrices sont structurellement déficitaires ou à l’équilibre précaire. A Nîmes la DSP perd même de l’argent sur toute la période étudiée…
Autrement dit : ça tient parce que ça tient encore, pas parce que ça fonctionne.
La TVA : l’arbre qui cache la forêt
Simon Casas se plaint de la TVA.
Or, les villes du Sud-Ouest qu’il cite en exemple ne doivent pas leur régime fiscal à un miracle tauromachique, mais à un mode de gestion différent : la régie municipale (exonération de TVA). Et pourtant, même là, les chiffres ne sont pas glorieux. Mont-de-Marsan vient de reconnaître sa pires années depuis quinze ans, arrivant à peine à l’équilibre même sans TVA.
Simon Casas souhaite une égalité de tous devant la loi (fiscale), nous lui proposons une égalité aussi une autre égalité devant la loi (pénal cette fois), d’abolir alors cette dérogation qui permet à des organisateurs de se soustraire aux sanctions du Code pénal lorsqu’il commettent des actes de cruauté sur les animaux.
Donc non, la TVA n’est pas le problème.
Elle est un révélateur, pas une cause.
DSP : un modèle intenable, mais politiquement confortable
La vraie question est là :
Pourquoi s’acharner à défendre une Délégation de Service Public privée à Nîmes par exemple pour une activité que tout le monde sait fragile ?
Pour un aficionado sincère souhaitant la pérennité de la corrida, la DSP est une aberration :
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elle expose un opérateur privé à des risques financiers croissants et à une TVA à 20%,
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elle impose une logique de rentabilité à un spectacle qui ne l’est plus,
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elle permet juste aux élus de dire : « ça ne nous coûte presque rien ».
Mais la CRC montre que cette neutralité est en grande partie illusoire à cause des subventions directes et indirectes que les municipalités accordent systématiquement aux organisateurs privés.
La vérité, c’est que la corrida ne survit aujourd’hui que parce qu’elle n’assume pas son statut réel : celui d’une pratique “culturelle” déficitaire.
Trop de silences, pas assez de courage
Ce que révèle cette interview, ce n’est pas seulement une crise de la tauromachie.
C’est une crise de discours.
On parle de talent, mais on évite les chiffres.
On parle de tradition, mais on évite le modèle économique.
On parle de saturation, mais on refuse d’en tirer les conséquences.
On parle d’avenir, mais on oublie l’essentiel, la souffrance animale occasionnée par cette pratique archaïque et cruelle que notre société ne veut plus en très grande majorité.
Et pendant ce temps :
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le public vieillit,
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les gradins se clairsement,
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les organisateurs s’endettent,
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et les collectivités avancent à pas feutrés, espérant que le sujet se règle tout seul.

La fin d’un récit, pas forcément d’un débat
La corrida n’est pas morte. Il reste 55 ilots de torture en France.
Mais le récit selon lequel elle serait autonome, rentable et naturellement légitime, lui, est clairement en train de s’effondrer.
Et peut-être est-ce là le vrai tournant :
non pas la fin de la corrida encore,
mais la fin de l’hypocrisie économique qui l’entoure.
Les municipales de mars 2026 devrait devenir le théâtre d’un grand cirque des illusions dans ces 55 localités.
Reste à savoir qui aura le courage de le dire clairement et d’assumer, ou pas, le soutient à cette pratique mortifère et couteuse.
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CV





