English version : Open letter to Mr De Grandes

Cher Monsieur De Grandes,

J’ai reçu votre lettre (voir plus bas) et je vous remercie pour la transparence que vous souhaitez apporter à ce débat. Je partage cette volonté d’un débat ouvert et c’est pour cette raison que j’ai décidé de vous répondre par cette lettre ouverte.

Il existe de multiples preuves que les corridas sont concernées par les subventions européennes. Les eurodéputés espagnols le revendiquent. Des sources officielles déclarent : “Des revenus majeurs proviennent de ventes de taureaux de combat et des subventions de la PAC” ou, comme le dit le texte original : “el ingreso principal procede de la venta de animals de lidia y de las subvenciones de la Política Agrícola Común.” Il y a quelques années, l’industrie tauromachique recevait des subventions directes de l’UE sous la forme d’un système de « primes bovines spéciales » qui permettait de toucher 210€ par taureau ; actuellement, c’est un forfait par hectare qui est alloué, d’un montant de 240 € selon le rapport du Dr. Alfred Bosch. Les dispositifs de Développement Rural Européen subventionnent également les activités liées à la corrida, telles que les rénovations d’arènes. De ce fait, directement ou indirectement, l’UE finance l’industrie tauromachique.

L’Union Européenne protège les particularités culturelles, c’est exact. Mais l’article 13 du Traité de Fonctionnement de l’Union Européenne (TFEU) n’est pas un droit explicite à torturer et tuer de la plus douloureuse des manières. Ne pas tenir PLEINEMENT compte du bien-être animal est une chose, la cruauté extrême et l’humiliation infligées à un taureau en est une autre. L’Union Européenne s’est engagée à améliorer le bien-être animal partout en Europe. La pression augmente du fait que de moins en moins de personnes acceptent les corridas en Espagne, en France et au Portugal. Le conflit créé par ces deux objectifs contradictoires doit être résolu.

Les taureaux de combat ne sont pas une race singulière et unique. Ils font partie de l’espèce Bos Taurus et ne présentent pas suffisamment de différences biologiques avec les taureaux ordinaires pour être classés de façon taxonomique dans une sous-espèce spéciale. La seule différence avec les autres taureaux est le but dans lequel ils sont élevés, ainsi que quelques caractéristiques créées par une sélection artificielle. Aussi, les taureaux de combat ne peuvent pas s’éteindre, parce qu’ils font partie d’une race. Les races ne s’éteignent pas, seules les espèces le peuvent.

L’écosystème des pâturages concernés ne serait pas affecté et n’a aucune valeur environnementale. De fait, les subventions contribuent à la dégradation des dehesas (pâturages). Elles autorisent une charge en animaux qui consomment une quantité de nourriture que la dehesa ne peut pas produire à un rythme durable. Les dehesas sont un environnement créé par l’homme et considéré par les environnementalistes comme instable et écologiquement très limité. Elles ont été créées au détriment de la forêt vierge méditerranéenne. De plus, les taureaux ne partagent pas les dehesas avec des espèces en danger telles que le lynx ou l’aigle impérial. Ils ne jouent en fait aucun rôle dans l’écosystème puisqu’ils ne sont ni proies ni prédateurs et qu’ils ne contribuent à la reproduction d’aucune espèce de plante. Quoi qu’il en soit, moins de 10% des surfaces occupées par les dehesas sont utilisés pour l’élevage de taureaux, ce qui rend l’impact encore plus limité.

Je ne vais pas non plus vous cacher que je suis un grand défenseur des taureaux dits « de combat ». Je me soucie de leur sort et j’ai leur intérêt à coeur. Je ne veux pas qu’ils meurent dans d’atroces souffrances. Ce que tous les activistes anti-corrida et moi-même voulons et essayons d’obtenir est qu’ils vivent et prospèrent. Il existe des possibilités de maintenir ces taureaux sur leur terre natale sans avoir à les envoyer subir une fin insupportable.

Avec mes meilleures salutations,

Jean-Pierre Garrigues
CRAC Europe
Comité Radicalement Anti Corrida
B.P.10244
F-30105 Alès Cedex, France

Documents pour en savoir plus sur les aspects environnementaux relatifs à la tauromachie :

- en espagnol
- en anglais
- en allemand
- en français, traduction de l’article de 20 Minutos.

Envoyé par Email 30.09.2014 18:46

Cher Mr Garrigues,

J’ai reçu votre pétition de soutien à l’amendement 6334 pour le CRAC Europe.

Au nom de la transparence qui doit caractériser le travail d’un eurodéputé, je me dois de vous dire que non seulement je suis en désaccord avec votre position, mais que je ferai tout ce qui est possible pour empêcher l’amendement en question de s’imposer.

En ce qui me concerne, je respecte toutes les opinions, mais je ne partage pas l’argumentation fallacieuse que vous utilisez contre les taureaux de combat en Espagne, et encore moins l’utilisation du débat sur le budget de l’Union Européenne pour mettre cette question en avant, qui est totalement hors de propos au regard de la politique européenne de subventions pour les fermiers et les éleveurs.

L’amendement parlementaire cause une confusion totale sur les citoyens, dans la mesure où les célébrations de corridas sont sans aucun lien avec les subventions que reçoivent les fermiers espagnols, puisque ces subventions sont destinées uniquement à l’activité de production.

D’autre part, je crois qu’il est nécessaire de rappeler que l’Union Européenne protège dans son Traité Constitutif les particularités culturelles des Etats-membres.

De plus, je ne cache pas que je suis un grand défenseur des taureaux de combat et si leur élevage venait à s’arrêter, une race singulière et unique disparaîtrait, ce qui affecterait l’écosystème. Ainsi, « l’écosystème pâturage » serait affecté et il présente une grande valeur environnementale.

J’espère et souhaite sincèrement que votre demande sera rejetée, d’autant que malheureusement, elle revient encore et toujours, année après année, dans le débat sur le budget de l’Union Européenne.

Meilleures salutations,

Luis De Grandes
Secrétaire Général de la Délégation Espagnole du Parti Populaire Européen

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