Au lendemain d’une manifestation des anti-corrida du CRAC (comité radicalement anticorrida), à la féria de Vic-Fezensac, le Gascon Georges Nosella jette un pavé dans la mare. “La corrida ne fait absolument pas partie de la culture gasconne et énormément de Gersois ne considèrent pas ce spectacle de mise à mort comme normal”.

Un coup de gueule du président de la section gersoise de l’institut d’études occitanes déclenché par l’opération de communication du club taurin vicois baptisé “Gers uni”. A travers ce slogan, son président Marcel Garzelli entendait mobiliser largement pour défendre cette “richesse culturelle du Gers”. “On donne beaucoup d’importance à des gens qui habitent hors de nos contrées et qui voudraient venir nous donner des leçons sur un mode de vie”, déclarait ce samedi le président du club taurin vicois dans les colonnes de la Dépêche du midi.

Une tribune qui a fait sortir le Gascon Georges Nosella de ses gonds et de son restaurant auscitain. M. Garzelli surfe sur le silence de beaucoup de Gersois qui ne sont pas radicalisés mais ne sont pas favorables aux corridas. Il faut arrêter les amalgames. Puisque qui ne dit mot consent, il est temps de le dire. Là, il prétend que tous les Gascons défendent ses valeurs, c’est insupportable.

Après plusieurs années de lecture sur l’art taurin d’un côté et des recherches sur le CRAC de l’autre, Georges Nosella a ainsi rejoint ce dimanche la manifestation aux abords des arènes de Vic-Fezensac. En observateur, pour rencontrer anti et pro corrida et discuter.

Une manifestation à laquelle l’Auscitain s’est rendu à pied en parcourant les 28 km qui séparent Auch et Vic dès 4h45 du matin. “La marche vous remet dans votre condition d’être humain en lien avec l’environnement. C’est en outre l’occasion de reprendre conscience de ce qui nous lie avec la nature et éventuellement d’échanger avec quelqu’un sur un pied d’égalité”.

Seul sur la route, ce représentant gersois du mouvement occitaniste Bastir, a reçu de nombreux échos favorables à son initiative sur son profil Facebook. “Qui a envie dans le Gers d’être associé à cette image de mise à mort publique, alors que la Catalogne l’a récemment interdite ?”.

Une tradition qui, selon cette érudit de la culture gasconne est importée d’Espagne par des aristocrates parisiens à la fin du XIXe siècle, pour leurs distractions. “Ca n’a jamais été une culture populaire”. Les arènes de Vic-Fezensac ne datent ainsi que des années 30 et la tradition taurine, débutée par des courses landaises, n’a pas plus de six décennies dans la commune.

Cette défense de notre culture est un alibi. Je n’ai entendu aucun chant gascon ou occitan aux abords des arènes”, lance le chef cuisinier du Café gascon. Et d’ironiser que l’apéritif anisé, sponsor de la feria, n’est pas issue de la culture gasconne. Pas plus que la bière.

Je veux bien que l’on ait un débat sur le Gers uni pour valoriser nos atouts. Ils sont nombreux et nous avons tous les atouts festifs, gastronomiques et viticoles pour faire la fête avec notre culture . Moi je veux que ce pays défendent le bien vivre, pas le mal mourir“.

Ce coup de gueule personnel, Georges Nosella espère qu’il initie un mouvement dans le département. “Je suis déjà contacté et un mouvement pacifique devrait se structurer pour porter cette voix. Nous sommes dans un pays d’expression libre et nous avons droit au débat”.

Un blog d’information devrait prochainement voir le jour et des actions anti corrida portées par des Gersois devraient ainsi être organisées dans le département durant l’été.

Source : Sud Ouest
© Photo Archives Philippe Bataille

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