Au lendemain des violences de Maubourguet, André Viard a pondu un communiqué encore plus grotesque que tous ses précédents réunis, ce qui confirme les soupçons de beaucoup (y compris dans ses rangs décimés) sur le gâtisme chronique qui le ronge. Après un long salmigondis maniaco-dépressif totalement délirant, il conclut par ces deux phrases ahurissantes :

« L’Observatoire National des Cultures Taurines, dont les avocats suivent tous ces dossiers, tient à féliciter une nouvelle fois les aficionados pour leur tenue exemplaire. En ne répondant pas à la provocation et en laissant à la Force Publique le soin de maintenir l’ordre comme elle le fait de manière parfaite depuis le début de la saison, ils ont montré une nouvelle fois leur sens des responsabilités. »

La « tenue exemplaire » des aficionados ? C’est comme ça qu’il qualifie des braillards qui hurlent de déshabiller les femmes pour en abuser et de jeter les manifestants à la rivière ? Des abrutis déchaînés et avinés qui frappent de leurs poings, de rateaux ou de barres de fer tous les militants qu’ils peuvent atteindre ? Des fous furieux qui jettent ou essaient de jeter par-dessus la rambarde tous les anti-corridas qu’ils peuvent approcher ? Des demeurés ignobles qui crachent sur des blessés à terre et les rouent de coups de pieds ?

C’est donc confirmé par Viard en personne : pour un aficionado, montrer une « tenue exemplaire », c’est donner libre cours à toutes les exactions qui lui passent par la tête. Faire preuve de « sens des responsabilités », c’est tabasser en meute, si possible à trois contre un, si possible des femmes, si possible de dos.

Selon Viard, les bons aficionados sont ceux qui s’expriment par la haine et l’ultra-violence. Samedi 23 août à Maubourguet, le « sens des responsabilités » des aficionados et leur « tenue exemplaire » ont fait des dizaines de victimes de coups et blessures diverses, dont quatre ont dû partir aux urgences, le plus gravement atteint se retrouvant avec 45 jours d’ITT et de longs mois de rééducation douloureuse. Des CRS complices et félons exprimaient ouvertement leur intention de « casser de l’anti-corrida » à leurs côtés pour terminer leur sale boulot. Des pompiers indignes insultaient les blessés ou les ignoraient s’ils ne faisaient pas partie du clan des sadiques.

Le lynchage de Rodilhan en 2011 n’était donc pas une anomalie odieuse, une explosion de haine isolée commise par quelques dizaines de décérébrés. Il s’agissait bel et bien d’aficionados dignes de ce sobriquet ridicule, d’une « tenue exemplaire » et montrant leur « sens des responsabilités » : frapper pour faire mal, frapper pour tuer. Et en toute impunité jusqu’à ce jour, puisqu’aucun n’a jamais été jugé près de trois ans plus tard, malgré les dizaines de plaintes instruites et les aveux des coupables identifiés.

Curieux comme la justice est plus efficace quand ce sont les nôtres qui sont poursuivis. On aimerait bien avoir confiance en la justice de notre pays mais encore faudrait-il qu’elle s’exerce pour tous.

Ces arriérés à la violence convulsive ne nous font pas peur. Mieux, ils ne font que renforcer notre détermination. Comme l’exprime parfaitement bien Natale sur le blog Anna Galore : « Pour chaque coup reçu, un nouveau militant se décide à agir plus, à s’engager encore plus ».

Roger Lahana
Vice-président du CRAC Europe

Témoignages et photos ici : http://annagaloreleblog.blogs-de-voyage.fr/tag/maubourguet/

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