Cela avait mal commencé avec un arrêté du maire qui nous stoppait à 500 mètres des arènes.

Après réunions et négociations nous avons gagné 450 mètres en nous retrouvant à 50 mètres des arènes, à 30 mètres du village de la féria et à 20 mètres des personnes qui passaient devant nous !

Vers 9h45 après un petit briefing sur le parking du supermarché, lieu de notre rendez-vous, nous entamons notre marche en direction des arènes avec banderoles, drapeaux, tambours et sifflets sur fond de bruit de sirène que crachait la sono mobile de 300 watts.

Le parcours du défilé nous mène directement devant les bars qui longent l’avenue principale que nous traversons pour remonter celle où se tient le marché de ce dimanche matin et atteindre notre lieu de manifestation à 50 mètres des arènes.

Ce matin s’y déroule la finale du bolsin (coulisse en espagnol), compétition consistant à désigner le meilleur apprenti torero et à repérer les futurs « stars » tortionnaires de demain, s’entraînant ainsi sur de jeunes veaux dans des conditions encore plus terribles que les corridas habituelles (si, si, c’est possible…) puisque les jeunes sortant des écoles taurines sont encore peu expérimentés ! Un représentant des RT (Renseignement Territorial), en fin de journée, nous a d’ailleurs confié que cela avait été particulièrement horrible ce matin-là, on n’ose imaginer !

C’est avec stupeur que nous voyons passer, sous nos yeux, bon nombre d’enfants conduits par leurs parents et se dirigeant vers la place mortuaire…

C’est alors que, tour à tour, nous prenons la parole à l’aide de micros et mégaphones pour interpeler ces familles, les aviser des dangers de ce spectacle cruel qui renvoie des images violentes pouvant porter atteinte au psychisme des enfants. Nous leur rappelons également l’avertissement de l’ONU (Organisation des Nations Unies) concernant les enfants qui, dans une recommandation officielle, exhorte la France à interdire aux mineurs l’accès aux corridas.

Le résultat ne se fait pas attendre. Au bout de quelques minutes nous voyons des femmes et des enfants sortir des arènes, certains en sanglots. Une maman s’avance vers nous et nous confie qu’en tant que vacancière elle s’est laissée piéger en acceptant des places gratuites, elle ne s’attendait pas à ce qu’il y ait une mise à mort. Evidemment les imposteurs se sont bien gardés de lui dire…Pour la propagande on est prêt à tout, au détriment des enfants.

Vers 13h nous remontons l’allée du marché en train de se vider et en silence sur les conseils des gendarmes qui nous avertissent des premiers cas avinés ou plutôt “pastisés” du jour, ce qui pourrait entraîner des comportements agressifs à notre encontre.

Eh oui, ne l’oublions pas, nous sommes à Saint-Gilles aux portes de la Camargue, fief de la tauromachie où il fait bon vivre !

Après une pause déjeuner, nouveau briefing et départ à 16h pour regagner notre point de manifestation toujours en silence (le taux d’alcoolisation étant à son maximum !) et escortés par des gendarmes particulièrement bienveillants durant cette longue journée.

Surprise, cet après-midi l’absence du marché nous ouvre des portes et notre “espace réservé” s’est agrandi ce qui nous fait bénéficier d’une proximité exceptionnelle avec les personnes se rendant à la feria.

Deuxième surprise, l’arène gonflable d’Happycionado n’est plus… Installée le matin, juste en face de nous, à l’entrée du village de la feria. Ses promoteurs ont peut-être déchanté suite à nos avertissements répétés incitant tous les enfants à faire demi-tour ! De toute façon nous avions déjà observé le manque certain de participants à cette aire de jeu plus que tendancieuse…

Des enfants Saint-Gillois au nombre de trois ont rejoint notre groupe dont Mendès, un petit garçon espagnol, opposé à la corrida.

Quant à la corrida de l’après-midi nous avons bien constaté qu’il s’agissait en grande partie d’une sortie du 3ème âge !

Bruits divers et variés, incessants ont retenti jusqu’à 18h30, démoralisant même les musiciens de la pena…

Nous remercions tous les militants, certains venus de loin, et un remerciement tout particulier à nos déléguées, Christine, Cathy et Joëlle pour leur fidèle engagement.

Nous remercions les gendarmes qui ont été exemplaires.

A très vite à Rodilhan !

Elsa Strasser
Secrétaire nationale CRAC Europe

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