Le 13 décembre s’est tenue à Paris une manifestation à Paris organisée par la Convention Vie et Nature, en soutien à Jean-Pierre Garrigues et plus largement, à tous les militants anti-corrida non-violents qui ont été victimes de brutalités ou de poursuites judiciaires sur les motifs les plus fallacieux.

Après une introduction de David Joly, vice-président de CVN, Gérard Charollois a prononcé un discours d’une puissance et d’une finesse d’analyse remarquables. Il a détaillé les trois armes utilisées par le lobby tauromachique contre les militants anti-corrida : la censure, l’imposture et la forfaiture.

Censure, imposture, forfaiture

La censure est celle qui s’applique quasi systématiquement sur toutes nos actions. Si quarante paysans font une manifestation contre un centre d’impôt, toute la presse en parle. C’est encore loin d’être le cas quand des personnes agissent contre la corrida (à l’exception notable des actions organisées par le CRAC Europe, désormais systématiquement relayées).

L’imposture, c’est celle qui consiste à nous faire passer pour des extrémistes, des terroristes, des gens violents alors même que les seules violences qui s’exercent le sont à notre encontre. Nous n’avons jamais touché ne serait-ce qu’un cheveu d’un seul aficionado mais en revanche, nombre des nôtres ont été tabassés, violentés, brutalisés non seulement par des aficionados mais encore par les forces de la répression.

La forfaiture, c’est celle de la Justice si prompte à nous poursuivre pour avoir simplement fait savoir que nous n’aimions pas ces spectacles de torture – alors qu’on n’arrête pas des spectateurs d’une pièce de théâtre qui pourraient la siffler. Lorsqu’il s’agit par contre d’instruire les plaintes de manifestants pacifiques, là, c’est l’immobilisme le plus total, voir le déni pur et simple.

Plus de 60 manifestants condamnés, plus de 120 ignorés ou déboutés

Jean-Pierre Garrigues a déclaré que ce rassemblement de soutien s’adressait à tous les militants anticorrida et pas seulement à lui, qu’ils soient membres d’associations ou simples citoyens agissant de façon autonome. Notre seul but est l’abolition de la corrida, les petites querelles de cour d’école ou d’égos doivent être dépassées.

Il a lu la longue liste de tous les manifestants condamnés à des peines variées depuis 2012, à commencer par Christophe Leprêtre pour avoir dit que si une fillette n’avait pas eu l’accès libre à l’arène de Mont-de-Marsan un jour de corrida, elle n’aurait pas été la victime d’un pédophile qui s’y trouvait. S’y ajoutent entre 2012 et 2014 Alain, Christophe Marie, Jean-Marc, Animaux en Péril, le CRAC Europe, Xavier, Sabine, Alexandre, Nancy, Mandy, Anne, Olivier, Nathalie, Françoise et 45 particuliers verbalisés à 60 euros par personne à Dax pour avoir été présents sur la voie publique au moment d’une corrida (nous avons transmis ce dossier à nos avocats qui le suivent de près). Quant à Jean-Pierre, il aura à comparaître pour trois procès différents en une semaine début janvier.

Il a aussi lu la liste de tous ceux qui ont porté plainte depuis 2010 et n’ont jamais vu leur cas arriver jusqu’à un tribunal : Nathalie en 2010, les 90 de Rodilhan en 2011 (toujours aucune date de procès), les 10 de Rodilhan en 2013 (manif autorisée), les victimes de Rion (le procès d’Alain, pourtant mis dans le coma par un aficionado identifié, est reporté au 15 juin 2015 et pour les autres, aucune nouvelle), Carole, Blanche, Didier, Yohan, Anne, Claudine, Dominique, Chantal, Karine, Anne, Didier T., Nathalie, Clara, Christine, Stéphanie, Régine, Ghislaine…

Jean-Pierre a fait clairement savoir que le CRAC est solidaire de toutes les actions anti-corrida non violentes et aidera autant que faire se peut tous les militants, quels qu’ils soient, qui se retrouvent poursuivis ou condamnés lors d’actions organisées non seulement par le CRAC mais aussi par toute autre personne ou organisation agissant contre la corrida de façon pacifique. Un appel sera lancé à toutes et tous dans les prochains jours à ce sujet.

La seule façon d’abolir la corrida est de faire changer la loi. Aussi, tous nos efforts seront poursuivis en 2015 pour former des citoyens à aller à la rencontre de leurs députés et sénateurs afin de les convaincre de signer l’une ou l’autre des propositions de loi d’abolition en vigueur. Nous avons le soutien officiel de Damien Meslot et de Laurence Abeille (auteurs de deux de ses propositions, respectivement UMP et EELV).

Un soutien européen

Des représentants d’Animalisti Italiani Onlus ont apporté leur soutien, avec une lettre de leur président Walter Caporale lue par David, venu de Rome pour l’occasion.

De même, trois organisations de protection animale allemandes nous ont fait parvenir des lettres de soutien qui ont été lues à la tribune. Il s’agit de Menschen für Tierrechte (lettre de Dagmar Oest), de la fondation ProVegan (Dr Ernst Henrich) et de SOS Galgos (Martina Szyszka).

Autres prises de paroles

Les représentants de plusieurs autres associations étaient présents à ce rassemblement. Plusieurs ont pris la parole pour ajouter leur soutien aux militants anti-corrida. Citons en particulier Brigitte Gothière (L214), fidèle soutien de nos actions depuis toujours (c’est réciproque).

Un très grand merci à David pour son organisation de main de maître de ce rassemblement, à Francis Allouchery (FLAC), Christophe Marie (FBB), Liliane Sujanszky (SNDA) et Jean-Paul Richier (Protec) pour leur présence parmi nous, et à toutes les personnes venues parfois de très loin pour montrer leur soutien contre la répression démesurée qui frappe les militants anti-corrida en France.

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