Dijon, 12h30, nous sommes place François Rude pour y installer notre stand. Comme la dernière fois , nous n’avons que 20 minutes pour décharger le matériel car nous sommes dans un endroit réservé aux piétons. 13h00, nous terminons de peaufiner la présentation et déjà, deux dames viennent à notre rencontre pour signer la pétition.

Ca commence fort ! Un fidèle soutien, Géronimo, vient nous aider. S’en suivront Catherine, militante et adhérente qui était venue avec nous à la manifestation du 4 juillet, contre les 1000 veaux, dans la Creuse. Il y aura également Agnès, adhérente du Crac, fervente militante et aussi très impliquée dans l’association « C’est assez »et également présente à la manif des 1000 veaux. De vraies combattantes ! Sans oublier Alain, qui s’est démené une grande partie de l’après-midi.

Une jeune femme prénommée Camille, qui avait proposé de nous aider, viendra « en immersion » pour voir comment se passe le militantisme anti-corrida. Elle nous quittera en milieu d’après-midi, après nous avoir expliqué que nos t-shirts noirs et rouge renvoyaient un message trop agressif, qu’il vaudrait mieux opter pour du blanc,. Un échange long et animé avec un jeune aficionado sur lequel je reviendrai par la suite, l’a visiblement heurtée.(échange vif mais dépourvu d’impolitesse) Effectivement, face à des pros, le militantisme anti-corrida ne ressemble pas à un cours de yoga, et les pros n’évoquent pas des maîtres zens ! Elle nous a expliqué qu’elle ne souhaitait plus revenir et que d’une manière générale, elle refusait le militantisme qu’elle jugeait, en substance, trop « guerrier ». Nous nous sommes quittés courtoisement, et nous la remercions pour les très bons cookies et le brownie vegan.

En période de vacances, Dijon est plus désertée, et les touristes étrangers ne veulent pas toujours s’arrêter et affronter la barrière de la langue qui demande parfois un peu de temps et d’efforts. Cependant, les signatures et les soutiens n’ont pas manqué.

Plusieurs personnes ont passé un certain temps sur notre stand, écœurées par les images des taureaux suppliciés et des chevaux parfois éventrés. Beaucoup ont souhaité en savoir plus et Fabio n’a pas manqué de leur expliquer ce qu’était réellement une corrida, images à l’appui.

Pendant ce temps, les militants venu nous aider, arpentaient les rues pour distribuer les tracts et attirer du monde au stand.

Un homme d’âge mûr, nous a dit, sans s’arrêter, que nous ne comprenions rien à la corrida, que cela relevait du mythe du minotaure et des anges. Puisque qu’il s’en allait, impossible d’ouvrir un dialogue mais il a eu le mérite de nous faire rire.

Une jeune femme passant devant le stand et allant au distributeur à billet juste à côté, ne cessait de fustiger, que c’était incroyable de voir ça ici. Notre présence l’a beaucoup contrariée. Oui, le CRAC est partout !

Voici enfin l’échange marquant avec le jeune aficionado. Il nous annonce d’emblée qu’il adore les corridas car il est du sud-ouest et a toujours baigné dedans. Je lui réponds qu’il s’agit là d’endoctrinement et non de goût personnel. Je lui oppose être bourguignonne et ne pas aimer le vin. Pourtant, je suis au pays des vignes !

Il enchaîne en nous expliquant que la corrida est philosophique, spirituelle, que c’est effectivement violent et sanglant, qu’il a un petit pincement au cœur à la mise à mort du taureau mais qu’il se sent tellement heureux après. Nous lui expliquons que nous ne partageons pas sa vision lyrique de la corrida, que pour nous, c’est un spectacle anachronique et cruelle. Il nous prend visiblement pour des abrutis qui ne parvenons pas à son niveau de spiritualité, à sa compréhension de l’art. Nous lui répondons que nous n’allons pas jusque là dans notre réflexion quand un animal innocent se fait mutilé pendant de longues minutes, dans des souffrances indescriptibles et que pour nous, aucune considération artistique ne justifie ces actes barbares. Il nous dit que nous ne connaissons rien de la corrida et commence à nous interroger d’un ton professoral. En combien de temps se déroule une corrida ? Etc. Comme nous avons répondu juste à tout, il s’est senti bête. L’échange est un peu houleux mais demeure courtois. Des personnes se sont massées derrière pour écouter notre échange. Je profite de la présence de cette auditoire pour lui poser quelques questions : « Vous qui affirmez œuvrer dans l’humanitaire, qui semblez jouir d’un certain degré d’empathie, pensez-vous que ce bref moment de plaisir que vous prenez en vous rendant aux arènes justifie, est une raison suffisante, pour supplicier et mettre à mort un être vivant ? ». Il est visiblement gêné et reconnaît que le prix à payer est cher et que, de toute façon, il se rend beaucoup moins aux corridas, faute d’amis pour l’accompagner. »

Tout cela est résumé, mais il a occupé notre stand près de 30 minutes. Les personnes qui venaient signer la pétition en profitait pour entamer le dialogue avec lui et lui expliquer à quel point la corrida est répugnante et condamnable. L’une d’elle lui a souhaité d’être réincarné en taureau.

Par la suite, une dame catalane, est venu signer et m’a expliqué le dégoût profond qu’elle voue à cette pratique et comme elle est heureuse que cela ne se fasse plus « chez elle ». Elle avait assisté à une corrida, contrainte et forcée, étant plus jeune, et l’horreur du «spectacle » l’avait profondément marqué. Un monsieur né à Barcelone est également venu signer, en soulignant lui aussi à quel point c’est une horreur.

D’une manière générale, au stand, il était évident, encore une fois, que les antis étaient bien plus nombreux que les pros. Je tiens à souligner l’aide d’un monsieur qui vit dans la rue, très sensible à notre cause, et qui nous avait demandé plusieurs feuilles de pétition lors du stand du 30 mai et qui nous les a rapportée remplies. Merci à lui.

Le 30 mai, le journal local, le Bien Public, était venu nous prendre en photo et avait fait un petit encart dans la presse. Un journaliste est revenu, à refait des photos, mais cette fois, c’était une véritable interview. L’article devrait être beaucoup plus détaillé avec une mise en avant du Crac et des actions que l’association mènent.

19h, la pluie arrive et les rues se vident. Nous remballons le matériel. Nous avons récolté 213 signatures et 38 euros de vente. Moins bien que le stand du 30 mai mais en période estivale, nous nous y attendions un peu.

Notre stand était animé, vivant et l’après-midi fut riche.

Nous sommes rentrés fatigués mais très contents du travail accompli et de constater à nouveau, le mépris majoritaire des personnes pour la corrida et le souhait ardent de la voir abolie.

Je remercie bien sûr Fabio, qui a défendu ses convictions et le crac devant un aficionado acharné, Catherine et Agnès pour leur aide précieuse et leur soutien, Géronimo, pour sa présence systématique sur nos stands, Alain, venu distribuer les tracts pendant plusieurs heures dans les rues dijonnaises, et Camille, pour ses délicieuses pâtisseries.

CORRIDA ABOLITON ! CORRIDA BASTA !

Virginie Lapertot, déléguée Crac Europe (21)

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