Le dimanche 25 janvier a eu lieu la première corrida de l’année en France, à Vic-Fezensac dans le Gers. Les puristes diront qu’il ne s’agissait pas d’une corrida mais d’une novillada puisque l’animal envoyé au massacre était un novillo, autrement dit un veau. Les hypocrites qui ont organisé ce supplice n’ont osé employer ni le mot corrida, ni celui de novillada. Ils ont annoncé un « gala taurin », lors duquel il y avait une « lidia d’un novillo ».

L’hypocrisie honteuse des aficionados

vic 250115 affiche b

C’est le nouveau subterfuge dérisoire à la mode depuis quelques temps chez les barbares : puiser dans les termes espagnols qui permettront aux aficionados de comprendre, en espérant que les anti-corridas n’y verront que du feu. Pourtant, leur gourou déchu André Viard devrait leur apprendre que ce n’est pas parce qu’on écrit des horreurs en espagnol qu’elles passent inaperçues en France.

Une lidia, c’est une corrida. Un novillo, c’est un veau. Une lidia de novillo, c’est une corrida dont la victime est un veau. L’affiche annonçant quatre lignes plus bas la présence d’un picador, il s’agissait donc d’une corrida lors de laquelle le veau serait au préalable transpercé à coups de piques avant de se prendre des harpons nommés banderilles et de succomber sous les coups d’une épée puis d’un poignard, aux noms également exotiques et sans intérêt. Ce genre de pratique est défini dans le Code pénal, section Crimes et Délits, article 521-1. Le problème, c’est qu’il est exempté de peine dans le Gers comme dans dix autres départements du sud du pays, où il est donc permis de torturer des bovins sans risquer 30000 euros d’amende et deux ans de prison comme partout ailleurs en France.

Georges Nosella a parfaitement décrit la réalité dans un mail envoyé à ses contacts et dont voici un large extrait :

« Pour en revenir à Vic, ce dimanche, les organisateurs nous étonnent… Ils disent au chroniqueur taurin Jean-Michel Dussol (qui a 30 ans d’expérience et qui sait ce qu’il écrit) « C’est une bête sérieuse, peut-être un peu lourde, aussi nous avons décidé de le faire piquer en faisant appel à Laurent Langlois ». Pour les non avertis, cela veut dire qu’il y aura un picador monté sur un cheval et que le « novillo » sera blessé à coups de pique.

Puis ils déclarent:

1. Que ce n’est pas un veau qui sera toréé mais un novillo

2. que l’animal présenté ne pèse que 200kg contrairement aux novillos qui pèsent environ 420kg.

Voila beaucoup de contradictions… M. Dussol donnerait-il de mauvaises informations, ou y aurait-il des novillos rachitiques? Dans ce cas est-ce bien raisonnable de piquer, banderiller et tuer à l’occasion d’une « fête » une bête malade qui forcément n’aura pas la force d’un combattant? Et en ce qui concerne le torero (qui reprend après un grave accident)… c’est cela que le mundillo appelle « dimanche il aura une nouvelle chance » ?

Nous sommes habitués à ce type de désinformation, à Maubourguet le public disait que les anti-corridas fantasmaient en parlant de mort et de torture, que les novillos ne seraient pas tués…

A Gimont une habitante m’a appelé au téléphone pour me dire que nous nous trompions, que c’était juste un jeu de vachette… C’était une becerrada (becerro, veau) et les deux animaux ont été mis à mort dans des conditions si horribles que des parents avec enfants sont sortis dès la première « lidia ». Voir le deuxième becerro en lien youtube:https://www.youtube.com/watch?v=CWHT1dm_VSU

Nous avons constaté souvent, à Parentis, à Plaisance, à Riscle, etc… que le public qui arrivait aux arènes, souvent pour participer à la fête, ne savait pas que les novillos étaient mis à mort, ni qu’ils avaient aussi à supporter la souffrance des banderilles. »

Voilà pour l’information dans toute sa réalité, sans mots trompeurs pour en cacher l’horreur.

on arrive

Nous allons être partout

Le CRAC Europe a annoncé publiquement qu’en 2015, tout sera fait pour qu’à chaque corrida, il y ait une action anti-corrida, qu’elle soit organisée par le CRAC ou par qui que ce soit d’autre – association, individus, peu importe puisque nous avons tous le même but : l’abolition de cette barbarie. Deux réunions d’information ouvertes à toutes les personnes intéressées sont planifiées : le 31 janvier à Pau pour le Sud-Ouest et le 7 février à Montpellier pour le Sud-Est. Le but est que nous nous synchronisions et nous répartissions les dates de la temporada qui commence afin qu’aucune commune de sang n’échappe à notre présence la plus perturbatrice possible, toujours dans le strict respect de la non violence.

La première corrida, quel que soit le jargon employé pour la déguiser en « gala » anodin, s’est tenue hier à Vic-Fezensac. La première manifestation pour s’y opposer, aussi.

L’effet Charlie : nous ne sommes plus des terroristes pour les forces de l’ordre

Les militants abolitionnistes étaient une soixantaine au plus haut de l’action. Un nombre raisonnable au vu du peu de temps pour se mobiliser. Parmi eux, Jean-Pierre Garrigues et trois des délégués du CRAC Europe, Carole Saldain, Didier Bonnet et Sylvie Germain. Deux des militants sont venus depuis Dijon en roulant toute la journée du samedi tellement ils tenaient à être présents à cette première confrontation avec les amateurs de torture. La plupart des autres étaient des habitants de la région au sens large.

Les aficionados ont péniblement atteint une centaine d’individus, enfants (et même bébé) compris. Eux, en revanche, le savaient depuis longtemps que leur petit rituel sordide devait avoir lieu à cette date, mais visiblement cela n’intéresse quasiment plus personne dans leurs rangs clairsemés. Ils ont dû se sentir très seuls et très minables dans une arène de première catégorie de 6000 places. Le veau affolé dont ils voulaient tant voir le sang couler a été supplicié pendant vingt minutes puis tué, sans aucune autre raison que leur jouissance immonde.

Le maire et les aficionados nous voient toujours comme des terroristes dangereux, si on en croit la flopée d’arrêtés municipaux sortis dans l’urgence, une fois la manifestation annoncée. Les gendarmes du Gers ont, eux, compris que le même mot ne pouvait pas décrire à la fois des tueurs fous et des manifestants pacifiques. Pour assurer la sécurité, ils étaient une vingtaine.

Le capitaine des gendarmes a ouvertement ignoré les arrêtés liberticides du maire qui, non content d’avoir voulu cantonner les manifestants dans une ruelle à 300 mètres des arènes, avait même interdit tout fumigène, sifflet, mégaphone ou autre dispositif sonore.

vic arrete maire

Dans les faits, le cortège a pu s’approcher jusqu’aux abords des arènes, deux mégaphones ont été utilisés et des sifflets incessants ont pourri l’atmosphère des barbares retranchés dans leur enceinte de torture. Le tout,  avec la bénédiction des forces de l’ordre.

Jean-Pierre a lu publiquement le message de Luce Lapin à tous les militants de la protection animale et à tous ceux qui les traitent de terroristes.

Il n’y a eu absolument aucun incident entre manifestants et gendarmes, ces derniers se montrant de bout en bout bienveillants et professionnels. En revanche, ils ont dû intervenir pour calmer des aficionados furieux, provocateurs et injurieux à la sortie des arènes. Hier à Vic, personne n’était dupe sur qui étaient les vrais violents et qui créait du trouble à l’ordre public.

Des tracts et de nombreuses cartes postales de dessins faits par les dessinateurs disparus de Charlie Hebdo pour le CRAC ont été distribués. La manifestation a été dispersée dans le calme.

Prochain rendez-vous : Magescq, le 15 février 2015 avec le mouvement citoyen qui s’y rassemblera.

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Photos : Didier Bonnet

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